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LA GRANDE MADEMOISELLE

I
L’EXIL. — LA VIE EN PROVINCE. — QUERELLES DE FAMILLE

La Fronde a été une révolution avortée. Elle était condamnée d’avance, ses meneurs n’ayant jamais su nettement où ils voulaient en venir ; elle l’avait d’ailleurs mérité, les intérêts particuliers ayant tout de suite pris le pas sur les intérêts généraux. Les conséquences de son effondrement furent d’une importance capitale pour notre pays. Les troubles civils de 1648 à 1652 ont été l’effort suprême de la France contre l’établissement de la monarchie absolue ; leur fin signifia que la nation, de lassitude et de découragement, acceptait le nouveau régime. Il en résulta une telle transformation, politique et même morale, que la Fronde se trouve avoir marqué une séparation très nette entre deux périodes de notre histoire ; il y a comme un grand fossé entre les temps qui l’ont précédée et ceux qui l’ont suivie.

Ses chefs avaient été dispersés par le retour du roi dans sa capitale, le 21 octobre 1652. Lorsqu’ils revinrent de l’exil, qui un peu plus tôt, qui un peu plus tard, les derniers après la paix des Pyrénées (7 novembre 1659), un changement s’était déjà produit dans les idées et les façons d’être, et plus d’un, parmi eux, se sentit dépaysé. Il fallut se remettre au diapason. Ce fut