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cheval fut, sinon la plus noble, ni la plus utile, du moins l’une des utiles conquêtes que l’homme ait jamais faites. Le cheval montait les bennes au jour ; lorsqu’il fut descendu au fond, il les traîna. La peine de l’homme en fut allégée, mais le travail du mineur proprement dit resta très dur, et plus dur encore par ses circonstances qu’en lui-même.

Les méthodes d’exploitation étaient médiocres ou pis que médiocres. « Dans la plupart des exploitations (de la Loire), on suivait, pour la première attaque, la méthode des piliers et galeries. La fendue avait 1m, 80 à 2 mètres de largeur, et pour hauteur celle même de la couche exploitée. Les galeries de taille partant de la fendue étaient espacées de 6 mètres au plus et avaient les mêmes dimensions que la fendue. Les piliers longs, ainsi formés, étaient recoupés tous les 3 ou 4 mètres. L’exploitation se continuait en direction jusqu’aux limites du tréfonds, et en profondeur aussi loin que le permettaient les eaux. On battait ensuite en retraite, en enlevant ce qu’on pouvait des piliers… » L’opération était pleine de périls : « Un petit nombre d’exploitans avaient la précaution, pendant la période de dépilage, de combler les vides avec des pierres, des débris du toit et du mauvais charbon, et de poser des étais sous le toit. Partout ailleurs, les charbonniers, livrés à eux-mêmes, abattaient les piliers au risque de leur vie, jusqu’à ce qu’ils fussent chassés par les éboulemens ou par les eaux. »

Bien plus, l’éboulement, quelquefois, était un système d’exploitation. Mais tous ces dangers dont l’homme s’entourait comme volontairement dans le travail ne supprimaient aucun de ceux dont il était menacé de par les circonstances mêmes du milieu, et qu’il faisait très peu pour conjurer ou pour atténuer. Les accidens se succédaient, s’ils ne s’accumulaient : éboulemens, venues d’eau, coups de grisou, incendies ; l’un ou l’autre, ou tous ensemble, comme en 1810, au puits Charrin, où « une formidable explosion de grisou… renversa le chevalement du puits et coûta la vie à douze ouvriers sur trente qui étaient descendus ce jour-là. Le feu, ayant pris aux boisages, se propagea rapidement, et, pour arrêter l’incendie, il fallut inonder la mine en y amenant les eaux du Gier. »

Pour se défendre du grisou, on n’usait guère que du procédé anglais, dit « des pénitens, » et qui avait pour but de débarrasser la mine du redoutable gaz avant la descente des ouvriers dans