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Premièrement, est-ce le temps de travail ? Aux mines de B…, (Pas-de-Calais), le travail se fait, si l’on veut, à deux postes, mais ce ne sont pas, comme en Westphalie, par exemple, deux « postes producteurs. » Le poste du matin seul est vraiment « producteur, » on s’attache à faire rendre à son travail tout ce qu’il est capable de donner comme production et comme entretien. Au deuxième poste on ne demande pas de production, on ne demande que l’entretien des galeries principales de roulage, et, au besoin, un coup de main pour pousser les travaux urgens. On n’y met d’ailleurs que le nombre d’ouvriers strictement indispensable, et il y a, entre les deux postes, une très grande inégalité, puisque le premier, celui du matin, comprend 86 pour 100 du personnel, et le second, celui du soir, rien que 14 pour 100. Le premier poste descend de quatre à cinq heures du matin, pour remonter à partir de une heure et demie après midi ; le second descend à trois heures après midi pour remonter à onze heures et demie du soir. Chaque poste est donc au travail, ou plutôt chaque poste est dans la fosse pendant huit heures et demie ou neuf heures chaque jour.

Neuf heures, c’est, à peu de chose près, la durée moyenne de la présence dans les mines de combustibles, telle qu’elle est établie d’après l’enquête à laquelle fit procéder l’année dernière l’administration des Travaux publics, sur la demande de la Commission du travail de la Chambre des députés chargée d’examiner la proposition de loi de M. Basly et plusieurs de ses collègues tendant à limiter à huit heures au maximum la journée de travail dans les mines[1]. Du moins, c’est, à peu de chose

  1. Chambre des députés, septième législature, session extraordinaire de 1901. Annexe au rapport de M. Odilon Barrot, tableau IV. Durée moyenne de la présence dans les mines et carrières, p. 58.
    C’est également ce qui ressort d’un autre tableau que nous communiquent, avec une obligeance dont nous ne saurions trop les remercier, M. le directeur général et MM. les ingénieurs en chef de la mine de B…, et que nous analyserons sommairement, ne pouvant le reproduire tel quel.
    Pour les ouvriers du fond, le poste du matin (ouvriers proprement dits) descend, comme on l’a vu, de 4 à 5 heures et remonte de 1 h. 30 à 2 h. 30 de l’après-midi. Présence totale 8 h. 30. — Le poste du soir descend de 2 h. 40 à 3 heures ; il remonte de 11 h. 30 à 11 h. 50. Présence totale 8 h. 30. Les ouvriers à trois postes descendent à 6 heures du matin, 2 heures du soir, 10 heures du soir et remontent respectivement à 2 heures du soir, 10 heures du soir et 6 heures du matin. Présence 8 heures. Les ouvriers à quatre postes (cas très exceptionnel) descendent à fi heures du matin, midi, 6 heures du soir, minuit, pour remonter respectivement à 2 heures du soir, 10 heures du soir, 6 heures du matin, 2 heures du soir. Présence 8 heures, 10 heures, 12 heures et 14 heures. Il n’y a pas de règles pour la descente et la remonte : les ouvriers entrent dans la cage au fur et à mesure qu’ils se présentent.
    Pour les ouvriers du jour, les moulineurs vont de 5 h. 15 à 4 h. 15, présence 11 heures ; les trieurs ou trieuses de 5 h. 30 à 3 h. 30, présence 10 heures ; les mécaniciens et chauffeurs vont de 6 heures du matin à 2 heures du soir, de 2 heures à 10 heures du soir, de 10 heures du soir à 6 heures du matin, présence 8 heures ; les aides-chauffeurs de 6 heures à 4 heures, présence 10 heures ; les aides-mécaniciens, ouvriers d’état, manœuvres, vont de 6 heures à 6 heures ; durée totale de leur présence 12 heures.