invraisemblable que les congrégations, qui se sont montrées dès le premier jour, quoi qu’on en dise, parfaitement respectueuses de la loi, se soient fait un jeu de la violer : et c’est encore là un point sur lequel il faut s’expliquer.
Lorsque la loi du 1er juillet 1901 a été promulguée, toutes s’y sont soumises, toutes sans exception, les unes en demandant à être autorisées, les autres en se dissolvant ou en passant à l’étranger. Il y a eu sans doute des protestations, mais il n’y a eu aucune résistance, et, au bout de trois mois, c’est-à-dire à l’expiration du délai qui avait été fixé pour que les congrégations se missent en règle, toutes celles qui étaient encore sur le territoire français avaient fait ce que la loi leur imposait ; elles s’étaient inclinées devant elle. Nous n’avons pas à nous occuper des autres, et le gouvernement non plus, puisqu’elles avaient cessé d’exister. Comment donc vient-on nous parler de congrégations qui se sont soumises et d’autres qui se sont révoltées ? D’où vient cette distinction ? Sur quoi repose-t-elle ? Nous cherchons, et nous ne trouvons pas. Serait-il vrai que ces mêmes congrégations, après avoir accepté l’obligation principale qu’on leur imposait, auraient refusé d’accepter l’obligation subsidiaire de demander une autorisation nouvelle pour chacun de leurs établissemens ? Cela est difficile à croire : qui accepte le plus accepte le moins. Mais, quand on appelle un établissement nouveau un établissement ancien, on adopte un langage qu’il est permis de ne pas très bien comprendre. Enfin, sur tous ces points douteux de la loi, il existait des obscurités où les congrégations étaient excusables de se perdre, puisque des juristes aussi experts et même aussi subtils que M. Waldeck-Rousseau s’y sont eux-mêmes égarés. Quelle aurait dû être la conduite du gouvernement ? Nous aurions compris qu’il fermât un établissement pour permettre à la question de droit d’être portée devant les tribunaux compétens et résolue par eux. Alors on aurait vu distinctement quel était le sens de la loi, et tout le monde s’y serait soumis. On aurait pu maudire cette loi antilibérale et en réclamer la révision ; M. Combes en donne bien l’exemple pour la loi sur les boissons ! mais, en attendant un meilleur avenir, on aurait dû se soumettre dans le présent. A défaut de cette manière de procéder, qui aurait été la meilleure, M. Combes pouvait en adopter une autre : il pouvait donner un avertissement aux congrégations, leur notifier son interprétation de la loi et sa résolution de l’appliquer, et leur accorder un nouveau délai, si bref fût-il, avant de les frapper. Il n’a fait ni ceci, ni cela : pourquoi ? Parce qu’il voulait faire une démonstration politique, qu’il la voulait rapide et violente, et qu’il craignait