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atermoiemens ne sont plus nécessaires, et M. Combes s’en passe avec une franchise d’allures qui est son seul mérite. Grâce à lui, on ne peut plus se tromper sur le caractère de la mesure qu’il a prise. D’après des notes officieuses qui ont été communiquées aux journaux, les établissemens fermés sont tous des écoles. On a respecté les établissemens hospitaliers, au point même que, lorsqu’une maison d’école y est jointe, le pavillon de la charité a tout couvert et tout sauvé. Nous n’avons garde de nous en plaindre, comme on le pense bien. M. Léon Bourgeois, dans un discours qu’il a prononcé à Epernay, a dit que le gouvernement irait « jusqu’au bout, » mot qui justifiait toutes les inquiétudes. Si M. Combes donne un démenti à M. Léon Bourgeois et ne va pas jusqu’au bout, nous ne lui saurons aucun gré d’un défaut de logique qui ne vient probablement pas d’un bon sentiment, mais nous nous en féliciterons. Il est rare qu’on fasse tout le bien, mais aussi tout le mal qu’on voudrait : des difficultés matérielles s’y opposent. Au moment de jeter dans la rue des malades, des infirmes, des vieillards, des enfans abandonnés et recueillis par des congréganistes, M. Combes a hésité, puis reculé. Il n’avait aucun refuge à donner à ces malheureux. La conscience publique aurait protesté, avec une indignation à peu près unanime cette fois, contre ce qu’une mesure immédiate aurait eu d’odieux. Le gouvernement s’est donc arrêté à temps ; mais peut-être ne l’a-t-il fait que pour un temps. En attendant, profitons du scrupule ou de l’embarras de M. Combes. Il ferme les écoles, il laisse ouvertes les maisons hospitalières : tant pis pour les premières, tant mieux pour les secondes.

Seulement, nous avons le droit de dire que c’est là une règle de conduite qui peut être prudente, mais que ce n’est pas l’application de la loi, même si on suppose que la loi a le sens qu’il lui donne. Nous écoutons ce que disent les radicaux-socialistes, nous lisons ce qu’écrivent leurs journaux. Ils n’ont qu’un mot à la bouche ou sous la plume : la loi ! Comment le gouvernement n’exécuterait-il pas la loi ? C’est sa fonction essentielle ; il n’est pas libre de ne pas la remplir ; il ne le pourrait pas sans forfaiture. Est-il vrai, oui ou non, demandent-ils, qu’il y ait une loi du 1er juillet 1901, et qu’elle impose à tous, mais au gouvernement plus qu’à tous les autres, des devoirs stricts ? Oui, n’est-ce pas ? Alors, que reproche-t-on à M. Combes ? Voilà le raisonnement de ces bons apôtres. Nous leur répondrons en leur demandant à notre tour ce que c’est qu’une loi qu’on applique aux uns et non pas aux autres, avec intransigeance contre ceux-ci et avec un esprit beaucoup plus conciliant à l’égard de ceux-là ? S’il est vrai que la loi impose à