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nuit, dont l’activité s’éveille après le coucher du soleil et qu’il se met alors en chasse. S’il trouve les portes ou les fenêtres ouvertes, il s’empressera de profiter de cette faute de tactique de son adversaire. A moins, pourtant, que la disposition des ouvertures ne produise un courant d’air violent. L’insecte adulte redoute les agitations de l’air, qui l’empêchent de se diriger à son gré et le laissent désemparé ; il les fuit avec autant de soin que la larve redoute les agitations de l’eau. Mais, lorsque l’air est tranquille et que le cousin pénètre ainsi dans les habitations, ce n’est point la lumière qui l’attire. On sait, au contraire, qu’il est lucifuge, à un certain degré. Ajoutons, pour le cas de l’éclairage à l’huile minérale, que le moustique craint l’odeur du pétrole.

On agit donc prudemment en se calfeutrant contre l’invasion des moustiques. On arrête ainsi les nouveaux envahisseurs ; mais on garde les anciens. Le plus souvent, l’ennemi de la veille reste enfermé dans la place. Il s’était réfugié, au jour naissant, dans quelque cachette, sous un meuble, dans un pli de tentures, dans quelque recoin obscur et tranquille de la chambre ou d’une pièce voisine. Il en sort à la nuit tombante pour recommencer ses exploits sanguinaires. Il s’installe pour plusieurs jours chez son hôte, qui est aussi sa victime. La durée moyenne de la vie du moustique à l’état parfait étant d’une quinzaine de jours environ, l’insecte peut donc en passer la plus grande partie sans changer d’habitat. Mais, à la fin, poussé par l’instinct de la reproduction, il se prépare à l’accouplement et à la ponte. Il s’échappe pour chercher un conjoint et déposer ses œufs dans quelque flaque d’eau dormante.

Ce n’est donc pas assez faire que de se prémunir contre les nouvelles invasions par la fermeture des issues ; il faut encore se débarrasser de l’ennemi qui est dans la place. On y arrive en battant et secouant meubles et tentures sans laisser une seule cachette qui ne soit inspectée. Quelques personnes ont recours avec plus ou moins de succès, — plutôt moins, — à des fumigations de diverses substances, par exemple, d’aldéhyde formique : d’autres brûlent dans leur chambre de petits cônes de pyrèthre et salpêtre mélangés. On a proposé, tout récemment, comme très efficaces les fumigations d’acide sulfureux.


II

Il est à noter que nous n’avons jamais affaire qu’aux femelles des cousins. Elles seules sont sanguinaires. Le mâle, innocent, se nourrit