antique sarcophage qui existait dans l’église de ce monastère ayant été ouvert, on trouva, avec les reliques qu’il contenait, une tablette de marbre portant cette inscription :
« Ci-gît le corps du bienheureux saint Brieuc, évêque de Bretagne, que le roi des Bretons Erispoë a fait porter dans cette basilique, qui était alors sa chapelle. »
Cependant Erispoë ne tarda pas à rencontrer un rival et un ennemi dans son cousin Salomon. En vain essaya-t-il de calmer son ambition en lui constituant un grand apanage : Salomon, qui n’aspirait qu’à lui succéder, se mit à la tête d’une conjuration, et, au mois de novembre 857, Erispoë fut assassiné sur l’autel même de l’église où il avait cherché un asile inviolable. Du coup, la puissance territoriale de la Bretagne atteignit son apogée. Salomon, qui s’était allié à Charles le Chauve, reçut de ce roi, pour prix de ses services et sous la condition d’un tribut, une bande de territoire s’étendant jusqu’à Angers, la Maine, la Mayenne, la rivière de Vire, et comprenant l’Avranchin, le Cotentin, toute la partie ouest du Maine et de l’Anjou. Mais les dernières annexes de ce prince échappèrent promptement à ses successeurs, et lorsque Alain Barbe-Torte, de retour de l’émigration, eut défait les Normands à Nantes et à Dol, la Bretagne redevint ce qu’elle était sous Nominoë. Alain Barbe-Torte, qui fut son libérateur au Xe siècle, jouissait à la fin de sa vie des prérogatives d’un duc souverain reconnu par tous les comtes bretons. Il mourut à Nantes en 952, et, s’il n’a pas eu l’honneur d’être célébré comme Salomon dans les chansons de geste, la légende qui s’est attachée à son histoire l’a suivi jusque dans la tombe. Il avait été enterré en dehors des murs, dans le cimetière des saints Donatien et Rogatien ; or, pendant trois nuits consécutives, on y entendit des cliquetis d’armes, des bruits de chevauchée, et le corps du duc fut trouvé chaque matin à la surface du sol. Un de ses serviteurs se souvint alors qu’Alain avait demandé à reposer dans l’église Notre-Dame, fondée par lui, en reconnaissance de sa victoire ; il y fut aussitôt transporté, et la paix du cimetière ne fut plus troublée.
Tel est le résumé des deux premiers volumes de (Histoire de Bretagne. J’ai négligé d’y faire entrer la vie des saints dont je me suis occupé précédemment et à laquelle M. de la Borderie me paraît avoir accordé un peu trop de place.
Les deux volumes suivans traitent de la Bretagne duché. C’est