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du Collège germanique à la pratique du chant grégorien et du chant à plusieurs voix.

Cet éclat dura peu. Sous les successeurs de Vittoria, il pâlit et menace de s’éteindre : le génie de Carissimi le ranima. « C’est à Saint-Apollinaire et au collège des Allemands que se rassemblent les meilleurs musiciens de Rome » écrit un voyageur anglais vers le milieu du siècle[1]. Sans doute ils y firent entendre maintes fois les oratorios, ou, pour les appeler de leur vrai nom, les « Histoires sacrées » de Carissimi. Œuvres religieuses, mais non liturgiques, « elles ne figuraient point aux offices solennels des jours de fête. Comme les Laudi spirituali d’Animuccia ou les Madrigaux spirituels de Palestrina, leur place était marquée dans les exercices réservés aux fidèles de quelque pieuse confrérie… On trouvait alors un peu partout dans Rome de ces Congregazioni dell’ Oratorio, dont les membres, astreints à certaines pratiques de piété, se réunissaient à jour fixe. » Il y a, rapporte encore un voyageur du temps, « une congrégation des frères du Saint-Crucifix, composée des plus grands seigneurs de Rome, qui par conséquent ont le pouvoir d’assembler tout ce que l’Italie produit de plus rare, et en effet les plus excellens musiciens se picquent de s’y trouver, et les plus suffisans compositeurs briguent l’honneur d’y faire entendre leurs compositions et s’efforcent d’y faire paraître tout ce qu’ils ont de meilleur dans leur étude. Cette admirable et ravissante musique ne se fait que les vendredis de Caresme[2] depuis trois heures jusqu’à six… Les voix commençaient par un psalme en forme de motet, et puis tous les instrumens faisaient une belle symphonie. Les voix après chantaient une Histoire du Vieil Testament, en forme d’une Comédie spirituelle, comme celle de Suzanne, de Judith et d’Holopherne, de David et de Goliath. Chaque chantre représentait un personnage de l’histoire et exprimait parfaitement bien l’énergie des paroles. Ensuite un des plus célèbres prédicateurs faisait l’exhortation, laquelle finie, la musique récitait l’Evangile du jour, comme l’histoire de la Samaritaine, de la Cananée, du Lazare, de la Magdelaine et de la Passion de Nostre Seigneur, les chantres imitant parfaitement bien les divers personnages que rapporte l’Evangéliste. Je ne

  1. Voyez : Giacomo Carissimi, par M. Henri Quittard (Tribune de Saint-Gervais, 1900). Nous ayons emprunté beaucoup à cette intéressante et très complète étude.
  2. Suivant d’autres témoignages, les séances étaient plus fréquentes.