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c’est un périscope à l’émergence minima… « Le vois-tu, Perrault ?… — Oui ?… — Feu, mon garçon, feu tout de suite !… »

C’est l’Hippocampe ! Son attaque a été audacieuse. C’est qu’il pensait que nous ne verrions pas ce pauvre petit bout de tuyau, et, de fait, s’il y eût eu le moindre clapotis, les meilleurs yeux n’y auraient rien vu.

Un coup, deux coups, toute une pétarade !… Qu’est-ce que c’est encore ?… « Capitaine, le Beveziers vient de tirer ses pièces d’arrière sur le Calmar, mais le Calmar avait déjà émergé à 200 mètres environ… »

Ah ! diable !… Voilà qui a tout l’air d’une attaque réussie, car ce n’était pas au moment où le sous-marin émergeait (ayant, par conséquent lancé sa torpille) qu’il fallait tirer dessus, mais avant, bien avant… En effet, le Beveziers et le Calmar — à lui les honneurs de la journée ! — signalent en même temps : « attaque réussie. » Touchant et loyal accord. Il ne reste plus qu’à demander à d’Acquerie comment il a mené sa barque pour arriver si près sans que rien le dénonçât. Nous en causerons demain. En attendant on pousse les feux, on réchauffe le guindeau pour virer la chaîne ; dans une demi-heure on mettra aux postes d’appareillage et à cinq heures, le jusant nous aidant, comme le flot ce matin, nous serons « à poste » sur notre coffre de Cherbourg. D’ailleurs, tout va bien, la machine tourne rond, comme disait le père Y…, le vieux mécanicien en chef. Nous ne tarderons pas, cette épreuve faite, à regagner Brest et à rejoindre l’escadre du Nord.