subdivisions militaires qui forment chacune une préfecture ; il y installe la justice et le fisc français.
Il harcèle les Espagnols. Le 6 juin, les Portugais, très ménagés par Godoy et Lucien, plus collectionneur que diplomate en sa lucrative et somptueuse ambassade, signent un traité à, Badajoz. Bonaparte le juge insuffisant. Leclerc entre en Espagne avec un corps d’armée, et, le 29 septembre, le Portugal capitule. Par un traité signé à Madrid, il s’engage à fermer ses ports aux Anglais et à céder à la France une partie de la Guyane portugaise. L’Espagne a cédé la Louisiane ; depuis 1795, la République possédait, en droit, sinon en fait, l’île entière de Saint-Domingue. Et voilà un empire colonial qui se dispose, dans cette grande ouverture du golfe du Mexique, bordé de pays en révolution et de peuples en incertitude : Bonaparte y découvre un théâtre à grandes diversions, une compensation à la perte désormais imminente de l’Egypte et à l’ajournement des desseins sur la Méditerranée.
Il manquait à ce nouveau dessein les Antilles, station indispensable que détenaient les Anglais ; il y manquait surtout la mer libre : c’était le moment de réclamer la paix, puisque la révolution en Russie ne permettait plus de la dicter. Bonaparte écrivit à Talleyrand, le 17 septembre 1801, de mettre les ministres anglais en demeure de s’expliquer. Il exigeait l’évacuation de Malte et la restitution des Antilles : pour les îles et colonies, espagnoles ou hollandaises, que l’Angleterre entendrait garder, il ne « s’y opposait pas ; » rien de plus. « Il serait absurde de vouloir qu’il disposât de ce qui ne lui appartient pas ; il ne le ferait pas, quand les flottes anglaises seraient mouillées devant Chaillot ! » « Il faut, concluait-il, que les préliminaires soient signés dans la première semaine de vendémiaire, — du 20 septembre au 2 octobre, — ou que les négociations soient rompues. »
Il se mettait loin de compte avec les Anglais. Le 26 juin, Hawkesbury avait notifié à Otto les prétentions britanniques : évacuation de l’Egypte, évacuation du royaume de Naples, restitution de Nice et du Piémont au roi de Sardaigne, rétablissement du grand-duc de Toscane, l’Italie ramenée à ses anciennes divisions, évacuation du Portugal par les Espagnols. L’Egypte, sans doute, allait être évacuée ; mais les Français tenaient toujours garnison dans le royaume de Naples, la Toscane formait le