de m’acheter un lit, deux paires de draps et un beau couvert d’argent de 40 livres. »
Quelques jours plus tard, il mettait sa tante au courant de ses nouvelles habitudes : « Nous nous levons à 5 heures et demie ; aussitôt habillés, nous faisons, en commun, la prière, puis une lecture spirituelle que nous reprenons le soir à 9 heures, avant de nous coucher. Nous avons ensuite étude jusqu’à la messe, à laquelle nous assistons tous les jours, à 7 heures. Un quart d’heure nous est alors accordé pour déjeuner, après quoi nous entrons en classe.
« L’ordinaire du collège est assez bon : pour premier dé- jeuner, un petit pain tout frais, excellent, et un verre d’eau ; de même pour la collation.
« À midi, on sert une bonne soupe, ce qui est rare à Paris, puis le bouilli, une entrée et du dessert.
« Le soir, on a du rôti : gigue de mouton, veau, agneau, avec une salade et du dessert.
« Le dimanche, à souper, on donne, pour varier, de la volaille : poulardes, pigeonneaux, etc., le tout très grandement toujours. Nous n’avons pas de vin, seulement j’ai pu en obtenir une demi-tasse à chaque repas en payant un supplément de 100 livres par an.
« On nous fournit de chandelles. Nous avons aussi un domestique pour faire nos chambres et un perruquier. Vous me dites d’avoir soin de mes cheveux, je n’y manque pas et puis dire, sans me vanter, que j’ai la plus belle tête de cheveux de tout le collège. À ce propos, je vous prie de m’envoyer un peignoir pour que la poudre ne gâte pas mes habits. »
Passant ensuite aux nouvelles du jour :
« On a fait mettre à la Bastille un monsieur nommé Cagliostro qui prétend avoir voyagé avec Dieu, s’être trouvé aux noces de Cana lorsque Notre-Seigneur changea l’eau en vin, et aussi avec Moïse quand celui-ci fit jaillir l’eau du rocher, de même pour tous les autres miracles. Il soutient que son domestique a sept cents ans. Mais c’est vainement qu’il a essayé de faire des prodiges, on n’en a pas été dupe. »
Chaque semaine, le jeune écolier ne manquait pas de tenir sa tante au courant de ses faits et gestes, se gardant bien d’omettre les plus petits détails :
« Je vous écris de mon lit, après que le maître a fait sa