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UN ÉTUDIANT A PARIS
AU XVIIIe SIÈCLE

LETTRES INEDITES

Dans la première moitié de janvier 1786, Jean d’Ibarrart d’Etchegoyen, issu d’une noble famille d’origine basque et âgé de seize ans, s’arrachait des bras de sa tante, Mlle d’Etchegoyen de Salles, qui l’avait élevé, et quittait Dax, sa ville natale, pour aller achever son éducation à Paris et y faire choix d’une carrière

Orphelin, pour ainsi dire dès le jour de sa naissance, jamais Jean ne s’était séparé de la digne femme qui lui avait servi de mère ; aussi le pauvre enfant allait-il se trouver bien perdu, seul dans la « grand’ville, » si loin de « tante Mimi » et privé désormais des gâteries et des mille petits soins dont l’excellente vieille fille l’entourait avec amour.

Ses premières lettres trahissent, en effet, de vives préoccupations :

« Ma chère tante, je veux vous rendre compte de mon voyage, que j’ai fait, grâce à Dieu, en très bonne santé, et avec des messieurs très aimables. A Bordeaux, on avait négligé de retenir ma place dans la voiture, mais, fort heureusement, il s’en trouva une de vacante, et nous partîmes, le lendemain, pour Paris, avec des officiers et M. Desperrier.