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guerre, et nos plus forts navires sont sûrs d’y trouver une excellente tenue et un calme relatif par les plus mauvais temps. L’expérience a été faite. Nos escadres cuirassées se sont succédé pendant la guerre de 1870-1871 sur la rade, et ses plus gros types, l’Océan et le Solférino, y sont restés pendant des mois entiers sans éprouver la moindre avarie, la moindre gêne, presque pas de fatigue, et sans causer aucun embarras à la marine marchande. Des embarquemens de vivres, de munitions de toute espèce, de combustibles, de chevaux, d’artillerie et de troupes de toutes armes y ont été faits avec la plus grande régularité et sans accident pendant tout un hiver ; et il est hors de doute qu’à ce point de vue, la rade peut être considérée comme un précieux auxiliaire de notre défense nationale et une relâche assurée pour les cargo-boats et les plus gros steamers engagés dans le détroit qui met en communication la Manche et la mer du Nord. En présence du développement considérable et toujours menaçant qu’a pris le port d’Anvers, il y avait aussi un intérêt de premier ordre à ne pas laisser le commerce maritime prendre presque exclusivement la route de la Belgique au détriment de la France. La transformation du port de Dunkerque était donc beaucoup plus qu’une question d’affaires et de résultats matériels commerciaux. C’était, et c’est encore au premier chef une œuvre nationale et patriotique à accomplir. On l’a compris, et le succès a couronné tous les efforts[1].


CHARLES LENTHERIC.

  1. Plocq, Port et rade de Dunkerque. — Ports maritimes de la France, 1874.
    Cf. Archives de la Mairie et de la Chambre de commerce de Dunkerque. Archives et mémoires de la Société dunkerquoise pour l’encouragement des sciences, lettres et arts.