l’estran entre la frontière belge et Nieuport. Immédiatement après cette dernière ligne de bancs est le large sillon dont le creux est à proprement parler la rade foraine de Dunkerque. Le banc de Mardick et le Snouw sont séparés par une coupure qui a 6 mètres au moins de profondeur ; le Hill-Banck et le Traepegeer par une dépression semblable. Ces deux coupures constituent les passes d’entrée de la rade de Dunkerque, qui se termine en cul- de-sac du côté de l’Est par suite de la soudure du Traepegeer à la côte belge. Grâce à la protection de ces bancs, la rade est incontestablement, sur la côte française, la meilleure de cette mer dangereuse, et les conditions nautiques tout aussi bonnes que celles de la fameuse rade des dunes qui lui fait presque face sur la côte anglaise.
Mais Dunkerque, situé à l’extrémité orientale du grand delta de l’Aa, n’a pu devenir un grand port en communication avec l’intérieur du pays que lorsque la région inondée et insalubre qui l’entoure a été complètement transformée par le magnifique réseau de canaux, les uns navigables, les autres d’assainissement, qui font aujourd’hui la fortune du pays watteringué. Toutes les eaux jadis croupissantes qui stagnaient sur la rive droite de l’Aa s’écoulent forcément dans les bassins de Dunkerque par les canaux de Furnes, de Bourbourg, de Bergues et des Moëres auxquels se soudent plusieurs centaines de watergands. Retenues par des écluses, elles sont lâchées à basse mer et ont été pendant longtemps le facteur principal de l’entretien du port. La puissance de ces chasses se mesure par un volume total de plus d’un million de mètres cubes d’eau que l’on peut lancer tous les jours en trois quarts d’heure au moment de la plus basse mer ; et elles sont encore d’une précieuse utilité pour nettoyer les anciens bassins et surtout les canaux qui entourent la ville et qui ne demandent qu’une assez faible profondeur pour assurer le mouillage des bateaux moyens et des bélandres de la navigation intérieure.
Mais les steamers et les grands transports modernes ont de bien autres exigences. Sans avoir des connaissances techniques très développées, on peut très bien se rendre compte qu’une cote basse et sablonneuse, comme celle de Dunkerque, se prête d’une manière très favorable au rapide établissement de tous les travaux intérieurs et de tous les aménagemens d’un port ; mais en revanche elle présente de grandes difficultés pour l’entretien