Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 10.djvu/224

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de haute fréquence, aux oscillations Hertziennes, aux solutions salines, et enfin aux radiations nouvelles, rayons cathodiques, rayons de Röntgen et rayons de Becquerel. Ces études n’ont pas seulement fait connaître des phénomènes inattendus, brillans, et susceptibles d’applications curieuses ; elles ont aussi profité à la théorie en éclairant ce que l’on peut appeler le problème fondamental de la physique et de la chimie.

Auparavant, nos idées sur cet objet se bornaient aux notions que la physique nous fournit sur la molécule et la chimie sur l’atome. L’atome est l’élément chimique des corps simples : les énergies chimiques sont inhérentes à l’atome : les forces chimiques s’exercent seulement entre atomes, et leur caractère est de n’agir qu’aux plus courtes distances. On admet que les atomes n’existent qu’en combinaison. Il n’y a point d’atomes isolés (sauf peut-être ceux du cadmium et du mercure).

D’après cela, nous ne pouvons connaître les atomes eux-mêmes. Nous ne connaissons que des molécules. Les molécules sont les élémens physiques des corps : ce sont des groupemens d’atomes réunis chimiquement à d’autres de même nature, et on a alors les molécules des corps simples, et par exemple la molécule d’hydrogène formée de deux atomes, celle du soufre qui réunit six atomes, celle de l’arsenic qui en groupe quatre. Si les atomes sont réunis à des atomes différens on a les corps composés. Les diverses énergies physiques sont attachées aux molécules : les forces physiques s’exercent entre molécules, tandis que les forces chimiques n’agissent qu’entre les atomes : le caractère des premières est d’avoir un rayon d’action plus grand que les autres.

Les études exécutées en électricité et à propos des solutions étendues des sels ont introduit un nouvel élément qui est l’ion. L’ion est une molécule, spéciale aux corps conducteurs de l’électricité : elle est revêtue d’une atmosphère électrique. Cette charge change tout à fait les propriétés de l’atome ou de la molécule. L’élément est alors très étroitement dominé par les forces électriques. On comprend donc que les ions se comportent tout autrement que les éléments nus ; et l’on en a autant d’exemples que l’on peut souhaiter[1]. L’ion se détruit souvent, en se

  1. En voici un : le zinc ordinaire présente à un haut degré la propriété d’être attaqué par l’acide chlorhydrique ; mais si on le charge d’électricité, en le maintenant en rapport avec le pôle positif d’une pile forte, il reste tout à fait réfractaire et intangible.