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QUESTIONS SCIENTIFIQUES






LES ÉLÉMENS DE LA MATIÈRE






I

La matière nous est révélée par le témoignage de nos sens, extériorisant les impressions qu’ils reçoivent. Elle est le lieu des phénomènes. C’est l’un des deux facteurs de toute phénoménalité : l’autre facteur est l’énergie. Nous abandonnerons aux spéculations des philosophes le soin de discuter et de décider si ces deux notions sont essentiellement distinctes ou si la première se ramène à la seconde. Le Père Boscowich, et après lui beaucoup de mathématiciens, ont déclaré, en effet, que la matière n’est autre chose qu’un système de points indivisibles et inétendus qui sont des centres de force. Et, en fait, nos sens ne nous révèlent jamais autre chose que des actions dynamiques, que des forces agissantes.

Laissons de côté cette question préalable résolue par le consentement ou le préjugé universel. Disons que la matière existe et qu’elle existe sous deux formes ; sous la forme de matière pondérable, et sous la forme de matière impondérable ou éther. Bornons-nous à la matière pondérable. Nous trouvons, comme premier problème qui se soit posé à la science naissante, celui de savoir si la matière est continue ou discontinue. Il a été résolu presque dès le début et par la majorité des savans et des philosophes, dans le sens de la discontinuité. On a admis que la matière était formée de particules plus ou moins petites liées