le véritable « port britannique, » et qu’il n’y en avait pas de leur temps de plus connu et de plus fréquenté. Ce mot de Gesoriacum a d’ailleurs une physionomie celtique très accentuée, et qui rap- pelle un peu celui de Gesocribate qui désignait le vieux Brest. Strabon comme César, nous l’avons vu, le désignait cependant sous le nom de Portus Itius ; et Ptolémée indique que le port était un peu à l’Est du promontoire qui s’appelait aussi Itium promontorium. La Liane coulant exactement de l’Est à l’Ouest, le port de Gesoriacum ou d’Itium est donc bien repéré par le géographe du second siècle, à la même latitude que le promontoire et à quelques minutes seulement de son méridien.
Ce ne fut que beaucoup plus tard que la ville gallo-romaine changea son nom pour celui de la ville italienne de Bologne. Gesoriacum en effet se trouve encore mentionnée sur l’Itinéraire de Constantin et sur l’Itinéraire maritime ; et Bononia n’apparaît qu’au IVe siècle sur la Table de Peutinger, qui indique même très nettement que le nouveau nom fut une sorte de substitution. Cette substitution est d’ailleurs parfaitement explicable. Gesoriacum était le nom de l’ancien port gaulois ; et on sait que ce port fut à peu près comblé par Constance Chlore, qui y fit jeter des poutres et des blocs de pierres pour en interdire l’accès aux pirates saxons qui y faisaient de trop fréquentes visites. Seul le port de Bononia, situé probablement un peu à l’Est en remontant la Liane, subsista pendant les derniers siècles de l’Empire et toute la durée du moyen âge. C’est celui qu’on trouve gravé sur une médaille contorniate de l’empereur Constant, dont l’une des faces représente le buste de l’empereur couronné d’un diadème, l’autre un guerrier casque et armé de la haste et du bouclier, — l’empereur probablement encore, — debout sur un navire portant deux enseignes militaires à la poupe, une « Victoire » à la proue et dans le fond une tour, peut-être le phare qui indiquait l’entrée du port.
Des correspondances suivies entre Bononia en Gaule et Ritupiæ (Richborough ou Sandwich dans l’île de Bretagne) paraissent, d’ailleurs, régulièrement établies à partir du IVe siècle. Ammien Marcellin en parle au temps des empereurs Julien et Valentinien.
Les mêmes indications sont données dans l’Histoire ecclésiastique de Sozomène qui rappelle l’expédition faite en 408 par l’usurpateur Constantin, partant de Bretagne et arrivant à Bononia,