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à expédier avec bénéfice, du centre du pays à Inkoo ou à Port-Arthur, des chargemens de fèves ! Les recettes brutes réalisées de ce chef atteignaient, au 15 décembre 1901, la somme de 1 200 000 roubles (3 240 000 francs). On voit par ces chiffres que le Mandchourien a un bel avenir local.


Saisi d’admiration devant l’effort qui a eu pour résultat la si rapide construction de l’immense ruban ferré du Transsibérien, je ne me dissimule ni les défauts ni les risques de cette entreprise. Nul à l’heure actuelle ne peut dire si elle peut compter sur des bénéfices d’importance. Mais ce qu’on peut affirmer, c’est que son avenir est avant tout lié à celui de la paix générale et du développement pacifique de la Sibérie. Dans dix ans, peut-être verrons-nous plus clair dans cette question si grave, qui n’est pas sans lien avec la solution pacifique ou brutale de la très grave crise intérieure que traverse en ce moment la Russie. Du moins, quand on a assisté à la genèse du Transsibérien, quand on en a suivi curieusement les étapes, quand on en a, anneau par anneau, vécu la vie, et quand on vient enfin d’en constater le presque complet achèvement, on ne peut que prodiguer l’expression de son joyeux étonnement, et faire des souhaits pour l’avenir de cette colossale entreprise, où notre épargne a pris, indirectement, une part si éminente.


JULES LEGRAS.