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un récit historique, où l’auteur s’est inspiré et aidé des Mémoires mis au jour dans ces dernières années et que domino à chaque page la grande et impassible figure de l’Empereur. L’illustration, tirée en deux couleurs, rend encore plus saisissantes les scènes où l’auteur fait passer sous nos yeux les principaux épisodes de cette lutte suprême.

La Vieille Garde impériale[1] est encore un livre consacré à la gloire des armées françaises. Dans des pages où l’érudition n’exclut jamais le charme, où le récit est toujours singulièrement intéressent, piquant, animé, conforme à l’histoire, tandis que l’illustration est vraiment heureuse et bien entendue, on ressent ce qu’ont été dans leur marche triomphale à travers l’Europe, — en dépit des peuples coalisés et jusque dans le désastre, — les soldats de Napoléon, tous ces braves de la Garde impériale, dont l’uniforme comme le drapeau a depuis synthétisé le culte guerrier. Tous, on les voit défiler ici, à ce point héroïques et superbes que nuls soldats des temps passés ne peuvent leur être comparés. La forte impression que laisse la lecture de ce beau livre, M. Job a bien su l’exprimer dans ses compositions, aquarelles et dessins, d’un caractère si original, d’une individualité si tranchée, œuvre d’un véritable artiste, qu’un pareil sujet a inspiré et qui n’a jamais déployé plus haut ses qualités de science de la composition et de pittoresque du dessin.

Le spectacle de la défaite et du malheur contient lui aussi son enseignement, et tout ce qui rappelle Sedan, Bazeilles, Strasbourg, Châteaudun est encore un spectacle capable de réveiller les énergies. Le livre de M. Armand Dayot, qui a su réunir, dans l’Invasion, le Siège, la Commune[2], des documens historiques de toute nature et d’un prix inestimable pour la génération d’aujourd’hui et surtout pour celle qui suivra, nous reporte loin de ces glorieux souvenirs, et bien rarement, avec lui, le regard pourra se poser sur une image illuminée par le sourire de la victoire. Rien de plus douloureux que ce récit, que rend encore plus tragique ce défilé sans fin de personnages et de tableaux qui traduisent dans toute leur épouvante la physionomie des choses et des événemens de l’année terrible : de la nation luttant jusqu’à la dernière extrémité contre l’invasion ; de cette ville de deux millions d’âmes se dressant brusquement dans une sorte de délire obsidional,

  1. La Vieille Garde impériale, par MM. Maurice Barrès, François Coppée, Henri Houssaye, etc. ; 1 vol. petit in-folio avec aquarelles et gravures d’après les dessins de Job ; Alfred Mame.
  2. L’Invasion, le Siège, la Commune, par M. Armand Dayot. Un album in-4, d’après les peintures, photographies, sculptures, médailles, autographes, objets du temps ; Flammarion.