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Dans la France chevaleresque[1], M. Gérard de Beauregard a reconstitué en quelque sorte le livre d’or de nos gloires nationales, le portrait des héros qui peuplent notre histoire depuis Vercingétorix jusqu’à nos jours, et il montre comment, à travers les âges, la France est demeurée toujours fidèle à ses origines, toujours ardente, toujours généreuse, toujours chevaleresque, et que c’est surtout ce caractère qui a contribué, depuis le commencement des temps, à nous faire ce que nous sommes.

La vie de La Tour d’ Auvergne[2], ce nom synonyme de vertu, de patriotisme et de courage civique, est brillamment retracée, — et avec l’émotion qui convient quand il s’agit d’un soldat devenu légendaire, — dans le récit de M. Georges Montorgueil, animé d’un bout à l’autre d’un souffle de patriotisme, où passent un frisson d’enthousiasme, l’étincelle d’une épée qui flamboie, dans les illustrations en couleurs ou monochromes de Job, d’une fantaisie charmante, d’un caractère simple, noble et grave, et toujours si bien appropriées au texte ; c’est un des plus beaux recueils d’art destinés à l’enfance que nous ayons feuilletés. Voici le mousquetaire noir au siège de Mahon défendu par les Anglais, le volontaire dans l’armée espagnole incendiant la frégate anglaise. Sous la Révolution, il reste fidèle au drapeau national. En 1792, il entre le premier dans Chambéry, l’épée à la main, à la tête de sa compagnie, qui devint la terreur de l’ennemi sous le nom de colonne infernale : enlève, de nuit, la forteresse de Saint-Sébastien dans un élan irrésistible. Il a le don « de charmer les balles, » suivant l’expression de ses grenadiers. Mis en réforme sous le Directoire, il obtient de remplacer le dernier fils d’un vieil ami, rejoint son régiment à la tête duquel il entre encore le premier dans Zurich, part pour l’armée du Rhin, où il tombe percé au cœur d’un coup de lance par un uhlan autrichien en s’écriant : « Je meurs satisfait, je désirais terminer ainsi ma vie. » Ce sont tous ces beaux faits d’armes qui servent de motifs à ces planches en couleur, bien faites pour frapper les jeunes imaginations.

La Mort de l’Aigle[3], où M. Paul Éric met en scène Napoléon dans cette mémorable campagne de France, en 1814, prend place tout naturellement à la suite de cette grande épopée de la Révolution. C’est

  1. La France chevaleresque, par M. Gérard de Beauregard, i vol. in-folio illustré ; Alfred Mame.
  2. La Tour d’Auvergne, 1 album in-4o, par Georges Montorgueil, illustré par Job de 40 aquarelles ; 1 vol. gr. in-4o ; Combet et Cie.
  3. La Mort de l’Aigle, par Paul Éric, 1 vol. in-4 illustré : Combet et Cie.