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plaçant son espoir en une vie meilleure, fit de lui, dans sa ferveur idéale, le petit ange, trait d’union de la terre avec le ciel. Avec l’école italienne, commence la période classique et les bambins, les chérubins des Primitifs envahissent les tableaux des grands maîtres italiens et flamands : Donatello, Botticelli, Giovanni Bellini, Ghirlandajo, Mino de Fiesole, Luca délia Robbia, Filippino Lippi, Perugin, Léonard de Vinci, Raphaël, Titien, Véronèse, Pâris Bordone, Bronzino, Corrège, tous ces artistes véritables peintres et sculpteurs de l’enfance.

Dès lors, le cortège charmant se déroule avec les gracieuses images des Infans et Infantes de Velasquez, de Goya, des anges de Murillo. À ces enfans du ciel, à ces enfans des rois, à ces enfans des gueux se joignent les enfans des bourgeois des Flandres, qui revivent sous les pinceaux de Rubens, de Rembrandt, de Van Dyck, de Frans Hals, de Jordaëns, de Terburg, de Van Ostade, de Van der Helst, les écoliers pensifs et réfléchis d’Holbein et d’Albert Dürer, les dauphins des Clouet, des Mignard, les jeunes descendans des plus grandes ou des plus modestes familles, par Abraham Bosse, Greuze, Nattier, Chardin, Boucher, Watteau. Puis c’est l’école anglaise, qui est peut-être, avec les écoles flamandes, la plus agréable école de portraits d’enfans, grâce aux charmans bébés que peignirent les Reynolds, les Raeburn, les Gainsborough, les Romney, les Lawrence, les Hoppner. Les dernières pages de cette revue esthétique de l’enfance sont consacrées à notre époque, où l’on a mieux observé que jamais l’enfant, si on ne le pose plus, comme en témoignent les œuvres de Baudry, Ricard, Delaunay, Chaplin, pour ne nommer que quelques-uns de ceux qui ne sont plus, car nos artistes, heureusement, forment encore légion, et c’est à l’un d’eux que nous devons d’avoir rassemblé cette incomparable collection.

Parmi les ouvrages d’art qui sont le plus habilement illustrés, avec autant de recherche que de goût, où les gravures, burins, eaux-fortes, héliogravures, planches et dessins sont dus à des artistes en renom, tandis que le texte en est dû aux écrivains d’élite et aux critiques d’art les plus autorisés, la collection des Études et art ancien et moderne et celle des Artistes de tous les temps, publiée à la Revue de l’art ancien et moderne, sous la direction éclairée de M. Jules Comte, prend une place à part, et l’on peut répondre du succès qu’elle obtiendra, si l’on en juge par les premiers volumes, d’une exécution parfaite. Voici l’œuvre de Goya[1], l’enfant de ce hautain et indomptable Aragon, dont le nom

  1. Goya, par M. Paul Lafond, 1 vol. illustré de 70 gravures dans le texte, dont 10 eaux-fortes, une eau-forte originale et inédite du maître, ! vol. in-4o ; Librairie de l’Art ancien et moderne.