c’est chose trop naturelle pour que nous puissions en douter. Mais je ne crois pas que personne puisse lire le dramatique récit de M. Andrew Lang sans avoir clairement l’impression que, dès l’assassinat de Rizzio, ou même dès le mariage avec Darnley, Marie Stuart avait cessé d’être moralement responsable de ses actes, traquée, harcelée, pareille à une pauvre petite souris entre les griffes d’un chat.
Je dois ajouter que, cependant, sur le véritable rôle joué par elle dans le meurtre de Darnley, le livre de M. Lang nous renseigne avec infiniment plus de clarté et de vraisemblance que ne l’a fait, jusqu’ici, aucun des accusateurs de la reine ni de ses défenseurs. Nous y lisons que. dès le mois d’octobre 1566, Marie, qui était alors très malade, « priait le ciel d’amender Darnley, dont la mauvaise conduite était l’unique cause de sa maladie. » Mais Darnley, au lieu de « s’amender, » avait poussé plus loin encore sa mauvaise conduite ; et chaque jour Murray et Lethington, qui tous deux étaient résolus à le perdre, rapportaient à Marie quelque nouveau trait de ses trahisons. Ils lui révélaient que Darnley avait écrit contre elle au pape, aux cours de France et d’Espagne, qu’il projetait de s’emparer du petit prince royal, qu’il méditait une révolte et une guerre civile. C’est là-dessus que, au mois de janvier de l’année suivante, Murray et Lethington proposèrent à la reine de la débarrasser de Darnley. Et, comme Marie répondait « qu’elle ne voulait point qu’on fit rien qui pût entacher son honneur et sa conscience, » Lethington lui assura que, si seulement elle les laissait faire, « elle ne verrait rien que de très régulier, et approuvé par le Parlement. » La pauvre femme, évidemment, les aura « laissés faire. « Ils avaient infiniment plus d’intérêt qu’elle à se débarrasser de Darnley, qui s’était mis à la tête du parti catholique : et le plan qu’ils combinèrent devait leur permettre, en outre, de se débarrasser de Marie par la même occasion. Mais il n’en reste pas moins presque certain que Marie fut ainsi informée d’un, projet contre Darnley, et qu’elle « laissa faire. » D’autre part, une lettre d’Archibald Douglas, écrite plus tard à Marie elle-même, raconte que, le 19 janvier 1567, Bothwell, Lethington et Morton lui ont dit que « la reine ne voulait absolument pas entendre parler de leurs projets. » Jusqu’au bout, sans doute, elle se sera bornée à les « laisser faire. » Et c’est elle, comme l’on sait, qui alla chercher Darnley à Glasgow, pour l’installer dans la petite maison de Rirk o’Field, où il fut assassiné quelques jours après. Elle le fit évidemment sur l’ordre de ses conseillers d’alors, et en sachant qu’ils voulaient « la débarrasser de lui : » mais rien ne prouve que, à ce