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REVUES ÉTRANGÈRES

LE MYSTÈRE DE MARIE STUART


The Mystery of Mary Stuart, par M. Andrew Lang, 1 vol. illustré ; Londres, 1901.


Marie Stuart a-t-elle réellement écrit les « lettres du coffret, » dont ses ennemis se sont servis pour établir qu’elle avait pris part à l’assassinat de Darnley, son second mari ? Ou bien ces lettres sont-elles l’œuvre d’un faussaire, comme on sait qu’elle l’a toujours affirmé ? C’est là une question qui, en France même, a donné lieu à de nombreuses controverses ; mais, tandis qu’elle n’intéressait guère, chez nous, que les érudits, on peut dire qu’en Angleterre et en Écosse, depuis trois siècles, elle a ému et continue à émouvoir le public entier. Aujourd’hui de même qu’en 1570, tous les compatriotes d’Élisabeth et de Marie Stuart se croient tenus d’avoir un avis, dûment motivé, sur l’authenticité des « lettres du coffret ; » et pas une année ne se passe sans que la « littérature » de ces lettres s’enrichisse de quatre ou cinq livres nouveaux, écrits par des avocats, des médecins, des prêtres, des propriétaires campagnards : toutes personnes qui, délaissant leurs occupations habituelles, se sont lancées à la poursuite de quelque ingénieuse hypothèse, avec l’espoir d’achever définitivement, — ou, au contraire, d’empêcher à jamais — la réhabilitation de la reine d’Écosse.

Aussi comprend-on que Carlyle, qui aimait le paradoxe, et qui, du reste, ne se faisait pas faute d’avoir une opinion bien arrêtée sur l’affaire du coffret, ait vivement protesté contre l’importance excessive attachée, suivant lui, à cette affaire, « simple accident personnel dans