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LES
ÉPOQUES DE LA MUSIQUE

L’OPERA MÉLODIQUE. — MOZART

Il y a dans l’histoire de la musique des noms dont chacun représente un genre, une catégorie de la beauté sonore. On peut à la rigueur, — et nous l’avons tenté naguère, — étudier chez le seul Palestrina la polyphonie vocale du XVIe siècle. C’est dans les neuf chefs-d’œuvre de Beethoven que nous trouverons le centre ou le sommet de la symphonie. Quant au drame symphonique, personne jusqu’ici n’en a partagé la gloire avec Richard Wagner. De même, l’opéra mélodique appartient en propre à Mozart. Il naît sans doute avant le jeune homme de Salzbourg et lui survit ; mais, sous cette main élue, il a donné ses plus exquises fleurs. Regardons-les un instant, non pas en boutons ni fanées, mais épanouies. Après avoir suivi, depuis les premiers Florentins jusqu’à Gluck, l’évolution de l’opéra récitatif, arrêtons-nous devant la perfection de l’opéra mélodique. A l’une, il a fallu près de deux siècles et l’autre n’a duré qu’un moment ; mais, dans la destinée de cette forme d’art, c’est le moment de l’idéal. Essayons de le saisir. Tâchons de montrer premièrement que, dans l’opéra de Mozart, c’est la mélodie qui domine ; nous définirons ensuite la valeur spécifique en même temps qu’expressive ou morale, et pour ainsi dire la beauté de corps et d’âme de cette mélodie sans pareille.