de se communiquer réciproquement les observations que les suites données aux présentes délibérations auront suggérées et d’examiner l’opportunité de les modifier ou de les compléter. » Rédaction bien inoffensive à coup sûr, qui n’en permit pas moins à M. de Berlepsch de résumer ainsi, dans la séance de clôture, l’œuvre à laquelle il achevait de. présider : « Chaque pays devra accorder à la classe ouvrière, soit par la législation, soit dans les mœurs, tout ce qui n’est pas incompatible avec la sûreté de l’existence et le développement de l’industrie nationale, desquels dépend, d’ailleurs, le bien-être des ouvriers. »
Cette histoire, si lointaine soit-elle, — elle est vieille de douze ans, — n’est point sans intérêt dans l’époque de trouble où se débat en ce moment la grande industrie. On y voit une puissance, dont nul ne saurait contester la vitalité ni les progrès, se lancer non sans imprudence dans les réformes ouvrières les plus osées ; s’aviser soudain, à la lueur des résultats acquis, qu’elle risque, en marchant plus avant, de placer sa production nationale dans une position d’irréparable infériorité vis-à-vis de la concurrence universelle ; s’arrêter net pour tenter d’entraîner les autres États à imiter son exemple ; et, n’y pouvant parvenir, renoncer à ses premiers essais de réduction de la journée de travail pour revenir à l’état de choses antérieur. Contre les visées de la politique allemande, quels argumens ont invoqué les États récalcitrans ? Des argumens de principe sans doute, tirés des différences qui séparent le droit public des diverses nations, leur concept du rôle incombant à l’Etat, leur respect de la liberté individuelle ; mais aussi, mais surtout des argumens de fait, antérieurs et supérieurs, parce que permanens, à toutes les abstractions. L’Allemagne et la Suisse disent : « On ne peut faire un pas de plus si tous les États producteurs ne consentent à marcher du même pas. » Et ces derniers ne contestent pas qu’il en soit vraiment ainsi ; ils constatent seulement, et ils prouvent, qu’il est impossible pour eux d’entrer dans cette voie.
Impossible, pourquoi ? Parce que ni le salaire ni la durée du travail n’ont de valeur absolue d’un pays à l’autre, voire dans l’intérieur d’un même pays. Parce que le premier est en fonction des conditions matérielles de l’existence, du prix des loyers et de l’alimentation, du poids des impôts ; la seconde, en fonction des conditions matérielles de la production, nature du sol, facilités des communications, taxes publiques et locales. Parce que,