Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 6.djvu/792

Cette page n’a pas encore été corrigée

La voix était agréable.

– J’apporte des cadeaux. – Pour qui ? – Pour tous les bons petits enfans, je veux dire pour tous les enfans malades, répliqua Kitty.

La dame, se détournant, parla au cerbère, et Livingstone aperçut alors la silhouette d’un très beau profil dessinée sur la lumière de la loge. Aussitôt la porte cochère roula sur ses gonds et le traîneau put porter son chargement jusqu’à l’hôpital.

– Entrez, dit la dame, une inspectrice sans doute, ou une infirmière en chef.

Il s’écoula quelque temps avant que Kitty reparût, mais Livingstone l’attendit avec patience. Il n’était plus seul, tous les Noëls du passé lui tenaient compagnie, mais sans qu’il en fût attristé maintenant, malgré tant de souvenirs funèbres qui pouvaient les accompagner.

Soudain, à travers la ville, les horloges se mirent à sonner ensemble l’heure de minuit et, quand le dernier coup fut éteint, des cloches adoucies par la distance firent entendre à leur tour un joyeux carillon, sur l’air du cantique

L’ange du Seigneur descendit.

Livingstone prêtait l’oreille. Et devant lui, dans la neige, se dressa une figure d’enfant qui écoutait aussi, son capuchon à demi rejeté en arrière, son pâle visage baigné par le clair de lune.

L’ange du ciel est descendu.

chantaient les cloches expirantes.

– Le Christ est né, dit alors l’enfant. Vous avez entendu. – Oui, dit humblement Livingstone. – Eh bien ! c’est fait, reprit-elle, aucun d’eux ne s’est éveillé. J’ai compté les douze coups. On dit qu’il vient toujours à minuit. Croyez-vous qu’il soit allé aussi chez nous ? – J’en suis sûr, répondit Livingstone.

Une chaude petite main se glissa dans la sienne avec confiance.

– Si nous retournions à la maison ?

Et une grande tristesse s’empara de lui à la pensée de la quitter, de renoncer à elle. Comme il la soulevait pour l’asseoir dans