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qu’il va peut-être revivre, deux hommes graves, mon confrère Hanotaux et moi, s’y appliquant de concert, et, sans espérer pour ces Souvenirs l’éclatant succès de ceux de Mme de Caylus, nous serions étonnés s’ils n’étaient pas appréciés de ceux, et ils sont nombreux aujourd’hui, qui mettent au-dessus de tout l’histoire vraie, et surtout l’histoire biographique racontée avec naturel et sans fard. Son nom va donc avoir un regain de notoriété qu’il devra précisément à la modestie de sa vie, et la réflexion dont je ne puis m’abstenir est celle-ci : dans un temps où les hommes font concurrence aux femmes dans les carrières ou les occupations auxquelles, jusqu’ici, elles s’adonnaient exclusivement, il est parfaitement légitime qu’à leur tour, elles fassent concurrence aux hommes dans celles que les hommes s’étaient un peu arbitrairement réservées, et l’on n’a point eu tort d’abaisser devant elles des barrières que la tradition et l’usage plus que de véritablement bonnes raisons avaient jusqu’à présent maintenues. Mais il y a cependant une carrière qui convient avant tout aux femmes et où les hommes leur cèdent volontiers le pas : c’est le dévouement. Celles qui s’y tiennent ont choisi la meilleure part, et, en tout cas, elle ne leur sera point ôtée.


HAUSSONVILLE.