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qu’elle disait ou écrivait souvent : « Qu’on a de dégoûts en tout ! »


VI

Par tout ce qui précède, on a pu voir combien étroits et multiples étaient les liens qui unissaient l’existence de Mlle d’Aumale à celle de Mme de Maintenon. « Les emplois d’une brodeuse, d’une musicienne, d’une comédienne, d’une secrétaire de Madame, d’une fermière et intendante des écoles et des aumônes, tout cela, ma mère, me fait retrancher au pur nécessaire, » écrivait Mlle d’Aumale à une religieuse de Saint-Cyr, en s’excusant de la brièveté de ses lettres, et c’était vrai. Elle s’acquitta, jusqu’à la fin, de ces divers emplois, de plus en plus dévouée à Mme de Maintenon. « L’attachement que j’ai pour elle augmente tous les jours, écrivait-elle à Mme de Glapion : j’en serai plus malheureuse. Je crois être assez bien avec elle : je l’amuse quand je puis ; je n’ai de joie et de tristesse que quand elle en a. » Et comme, avec elle, la bonne humeur ne perd jamais ses droits, elle ajoute : « Voilà l’état de votre petite cane. » Elle plaisantait ainsi en 1712, c’est-à-dire bien près de la fin du règne. Un des morceaux les moins intéressans de ses Souvenirs ne sera pas certain récit de la mort de Louis XIV à laquelle elle assista, couchant tous les jours dans la chambre que le Roi avait fait accommoder pour Mme de Maintenon à côté de la sienne. Inutile de dire qu’elle suivit Madame à Saint-Cyr et qu’elle s’y enferma avec elle. Dans ces Souvenirs, on trouvera aussi d’intéressans détails sur cette période la moins connue de la vie de Mme de Maintenon et sur la vie digne et retirée que celle-ci y menait, n’ayant qu’une préoccupation, se dérober aux importuns et rendre l’extérieur de sa vie de plus en plus semblable à celle des religieuses, au milieu desquelles elle avait cherché, après cette existence agitée et brillante, un tranquille et dernier refuge.

Elle commença par renoncer « aux pâtes pour les mains et à l’essence pour les cheveux. » « Je n’ai plus, disait-elle, celui pour qui je me servais de ces choses. » Elle renonça ensuite au chocolat, quoiqu’elle l’aimât fort, « pour ne pas introduire à Saint-Cyr cette délicatesse. » La communauté se couchait à huit heures. Peu accoutumée à se mettre au lit d’aussi bonne heure, elle gardait auprès d’elle jusqu’à neuf heures et demie Mlle d’Aumale