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reliées au pôle négatif de la bobine par des fils d’égale longueur, doivent être regardés comme de nature interférentielle.

Peut-on, après cela, rapprocher les rayons de Röntgen des rayons lumineux, ou, tout au moins, les attribuer à quelques espèces d’ondulations de l’éther ? C’est la tendance générale. Wiedemann et Lenard les regardent comme formant un nouvel échelon dans l’échelle spectrale, au delà de l’ultra-violet. Röntgen et Jaumann les considèrent comme produits par les vibrations longitudinales de l’éther.

Les rayons de Röntgen déchargent les corps électrisés placés dans leur voisinage. Le rudiment de cette propriété électrique se montre déjà dans le spectre. Les rayons ultra-violets détruisent les charges négatives des corps avec lesquels ils entrent en contact. C’est une analogie plus ou moins lointaine entre les deux espèces de radiations.

Il n’est, pourtant, permis que sous de certaines conditions de rapporter les rayons de Röntgen à de petites ondulations ayant le caractère des ondulations lumineuses et continuant, par delà le violet, la série du spectre. Il faut d’abord imaginer que ces ondulations sont très courtes ou, ce qui revient au même, que les vibrations sont très rapides, ce qui est un moyen de rendre l’interférence peu sensible, et moins sensible encore la diffraction. Il faut, en outre, que la vitesse de propagation ne soit pas différente dans l’air et dans les autres corps. Cette supposition, a priori, n’a rien d’absurde : elle explique l’absence de la réfraction et rend possible celle de la réflexion. D’autre part, comme il n’y a pas d’autres moyens pour réaliser la polarisation que de recourir à la réflexion simple ou double, lesquelles sont ici déficientes, on ne s’étonnera pas que le rayon de Röntgen soit dépourvu de cette propriété. Ainsi privé de toutes ses charges et offices, il lui reste la vibration transversale qui lui ouvre l’accès de la famille spectrale ; mais dans ce milieu, après toutes les diminutions, les restrictions et les limitations qu’il a subies, il fait quelque peu l’effet d’une brebis galeuse. Nous avons dit que quelques physiciens se contentaient pour lui de cette situation.

Les difficultés sont les mêmes, lorsque l’on fait intervenir les vibrations longitudinales de l’éther. Il s’y ajoute, en plus, celle qui tient à l’incertitude de l’existence de ces vibrations. Rien ne prouve, à la vérité, qu’elles n’existent point. Il est au contraire