Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 6.djvu/704

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

transforme en rayonnement Röntgen que l’on recueille, au dehors, à travers une portion amincie de la paroi. C’est ce que l’on nomme le tube focus.


Le rayon de Röntgen se distingue nettement du rayon cathodique qui l’a engendré par plusieurs caractères dont les deux plus essentiels, au point de vue de la théorie, consistent en ce qu’il est insensible à l’aimant et qu’il n’est pas électrisé. Le rayon cathodique, au contraire, porte une charge électrique et il est déviable à l’aimant. C’est sur ces deux caractères que l’on se fonde pour établir, comme nous l’avons dit, sa matérialité. Ils font défaut chez le rayon de Röntgen ; aussi, ne pouvons-nous plus assurer qu’il résulte d’une émission de matière. Au contraire, les vraisemblances sont en faveur de su nature immatérielle, éthérée, vibratoire.

Il faut ajouter à ces deux traits distinctifs essentiels, les deux suivans, qui ne sont pas non plus sans importance : le rayon cathodique n’a pas de force de pénétration : il est immédiatement absorbé ou diffusé, tandis que le rayon de Röntgen est très pénétrant et non diffusible.

On vient de voir que les rayons de Röntgen prennent naissance au point de rencontre des rayons cathodiques avec les substances solides. La violence du choc du projectile cathodique contre la molécule matérielle ébranle celle-ci et accroît son énergie calorifique : elle fait vibrer, en même temps, l’éther ambiant et produit la fluorescence du tube de Crookes. L’opération qui engendre le rayon X engendre donc en même temps et accessoirement des rayons lumineux, (fluorescence visible) ou, d’autres fois, des rayons chimiques, ultra-violets (fluorescence invisible) et vraisemblablement encore d’autres radiations inconnues.

Laissant de côté ces radiations accessoires — qui, d’ailleurs peuvent faire défaut — pour envisager la principale, nous avons dit que celle-ci se révélait par son action chimique sur les sels d’argent (impression photographique) et par sa faculté d’exciter la luminosité des écrans phosphorescens. Si un corps opaque est placé en ligne droite entre la source et l’écran, sa silhouette se dessine sur celui-ci avec une netteté surprenante. La formation de ces ombres géométriques prouve une propagation parfaitement rectiligne, à partir de la source, et justifie le nom de rayons employé ici.