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Les applications utiles vinrent bientôt ajouter à l’intérêt de curiosité qui s’était manifesté dès le début. On a appliqué la radiographie à reconnaître les falsifications de certains produits, à vérifier le contenu d’une boîte sans l’ouvrir, et à d’autres usages du même genre. Mais la plus importante de ces applications, — de beaucoup, — est celle qui en a été faite à la médecine et à la chirurgie. Tout le monde a vu ces radiographies partout exposées. Elles montrent les déformations et les lésions du squelette, les altérations des os, la présence dans les tissus des corps étrangers, tels que projectiles, aiguilles, débris de métal, et même, dans quelques cas, elles révèlent l’existence de lésions viscérales de diverses natures. Plus parfaites, elles réaliseraient le rêve et le but de l’anatomie normale ou pathologique, qui est de montrer le corps, sain ou malade, comme s’il était transparent à toute profondeur.

Il est inutile d’insister ici sur toutes ces particularités ; c’est une histoire qui se déroule sous nos yeux et dont la presse quotidienne nous entretient tous les jours.


Les rayons de Röntgen tirent leur origine des rayons cathodiques. La source dont faisait usage le physicien allemand et que tous les opérateurs ont utilisée, à sa suite, c’est précisément l’ampoule de Crookes, génératrice du rayonnement cathodique. Mais, dans cet appareil, la seule partie utile pour la production que nous avons en vue, est la tache fluorescente qui est placée vis-à-vis de la cathode et en reçoit l’émission.

C’est elle qui projette la nouvelle radiation dans toutes les directions, et non pas seulement dans le prolongement de l’ancienne. Toute matière qui arrête les rayons cathodiques devient le siège d’une émanation de Röntgen. Il importe peu que cette substance soit placée à l’intérieur de l’ampoule ou qu’elle en forme la paroi ; il n’importe pas davantage qu’elle devienne ou non fluorescente sous l’action cathodique : du moment qu’elle reçoit et arrête la première radiation, elle engendre la seconde. On a trouvé avantageux, pour augmenter la puissance de l’appareil, de lui faire subir une légère modification. On emploie une électrode en forme de miroir sphérique qui concentre les rayons cathodiques en un foyer unique. Près de lui est disposée une l’âme de platine ou de quelque autre substance infusible ; celle-ci intercepte l’émission cathodique et, en l’arrêtant, la