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Si nous revenons maintenant à notre ampoule de Crookes où le vide a été poussé jusqu’au millionième, nous verrons que la décharge s’y comporte un peu autrement que dans les tubes où la raréfaction était moindre. La trajectoire de décharge a perdu considérablement de son éclat ; elle ne se traduit plus que par une lueur vague, imprécise, à bavures, d’une teinte intermédiaire au rose et au violet. Tout le reste est obscur, à l’intérieur de l’ampoule de verre. L’électricité passe encore et suit le même trajet que précédemment entre l’électrode positive et la cathode. A l’afflux principal est même venu s’en adjoindre un autre, secondaire. De tous les points de l’ampoule, des charges positives se dirigent vers la cathode et vont renforcer le courant principal. Ces charges positives qui dévalent de tous les points de la périphérie forment la contre-partie des charges négatives que nous allons voir fixées sur les rayons cathodiques. Leur existence, leur développement, leur circulation, résultent, par voie de conséquence, de l’existence, du développement et de la circulation inverse de l’électricité négative qu’emporte avec elle l’émission cathodique.

Tel est l’afflux cathodique ; il est composé de la ligne de courant amorcée à l’électrode positive et des courans secondaires dirigés de tous les points du récipient vers la cathode. M. Villard a bien mis en évidence tous ces affluens obscurs ou blafards qui viennent se réunir, sur l’axe de figure de l’ampoule, au flux principal.

Cet afflux cathodique a d’ailleurs les caractères et les propriétés que les physiciens et les chimistes attribuent à l’effluve électrique. Il vient aborder directement la cathode. S’il arrive que cette électrode négative, — que nous supposerons être un petit disque métallique de forme circulaire, — soit percée d’un trou, une partie de l’afflux cathodique traverse cet orifice et poursuit sa route, par delà, après s’être déchargée au passage. Ce courant électriquement neutre, ces rayons déchargés, constituent les Canahtrahlen étudiés par Goldstein.


Tous ces détails relatifs aux courans qui affluent vers la cathode témoignent du soin avec lequel les physiciens se sont appliqués à ne rien laisser échapper des phénomènes dont l’ampoule de Crookes est le théâtre. On pourrait dire, toutefois, qu’ils sont étrangers à notre objet principal, qui est l’émission cathodique.