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II

Après avoir fait comprendre l’intérêt doctrinal de ces nouvelles radiations il convient d’en donner une courte description. Leur apparition est liée aux conditions de la décharge électrique dans les gaz raréfiés. Tout le monde a vu des faits de ce genre : l’illumination des tubes de Geissler ou de l’œuf électrique. Comme ces expériences sont parmi les plus brillantes et les plus décoratives que l’on puisse réaliser avec l’électricité, on les reproduit à toute occasion, pour la beauté du spectacle plutôt que pour l’instruction du spectateur.

Imaginons donc l’œuf électrique, le vase ovoïde en verre, où se trouvent, disposées en regard, deux pointes métalliques, deux boules, ou, en général, deux électrodes de forme quelconque séparées par un intervalle plus ou moins grand, et chargées d’électricité. Leur électrisation sera entretenue, par exemple, en les mettant en rapport avec les pôles induits de la bobine de Ruhmkorff. On peut, aussi, se servir d’une machine électro-statique (munie de condensateur) dont le collecteur est mis en rapport avec l’une des électrodes. Une armature munie de robinet permet d’épuiser l’air dans le vase ovoïde. Lorsque la tension électrique dépasse une certaine limite, la décharge se produit. Un trait de feu va de l’électrode positive (anode) à l’électrode négative (cathode). Dans l’hypothèse où nous nous plaçons, d’un gaz raréfié et d’une charge convenable, cette trajectoire lumineuse, au lieu d’être le trait blanc éblouissant, net, rectiligne ou en zigzag, qui constitue f étincelle ordinaire, est une lueur plus diffuse, colorée diversement suivant la nature du gaz.

Si l’œuf ou l’ampoule quelconque qui contient les électrodes permet de changer la place du pôle positif et de l’accrocher à différens points de la surface on verra la traînée lumineuse partir toujours du point d’attache ambulant pour se rendre au pôle négatif fixe. Le trajet sera plus ou moins direct ou infléchi ; il se rapprochera, plus ou moins, de l’axe du vase et variera, en conséquence, avec la forme de celui-ci. Mais, toujours, en déplaçant le pôle positif, on promènera cette ligne de courant, cette trajectoire de décharge, pour ainsi dire à volonté. Telle est la manière bien connue dont se passent les choses dans le