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devoir prospérer. Là, en effet, il y a une humidité constante et une température élevée.

La plantation ne commence à donner de produits importans qu’au bout de sept ou huit ans, et ce n’est qu’à dix ans que l’arbre est en plein rapport. Elle nécessite des soins particuliers. Pendant les premières années, les plantes doivent être abritées des rayons du soleil. On utilise à cet effet des végétaux donnant un fort ombrage, tels que le bananier, qu’on intercale dans la plantation, et qui ont aussi pour but de protéger le cacao contre les vents. Afin que les jeunes plants ne soient pas étouffés, on doit faire des nettoyages et des binages fréquens. C’est une exploitation qui demande une avance notable de capitaux, et qui ne donne des résultats qu’au bout d’un assez grand nombre d’années. A l’heure actuelle, la production de cacao est encore peu importante, mais on peut prévoir qu’elle atteindra prochainement un chiffre assez élevé.

Le cacao de Madagascar est de bonne qualité. Le marché français l’apprécie et l’achète souvent à un prix plus élevé que celui de la Martinique et de la Guadeloupe.

La canne à sucre demande également un climat chaud et humide, mais avec une période relativement sèche ; beaucoup de points de Madagascar remplissent ces conditions ; mais c’est au voisinage de la côte que la réussite semble devoir être la plus complète, là surtout où le sol est riche en humus.

La récolte peut s’effectuer environ quinze mois après la plantation ; mais cette exploitation ne peut se faire que si l’on est à portée de l’établissement industriel qui retire de la canne, soit le sucre en nature, soit l’alcool. Quelques fabriques de sucre sont établies aux environs de Tamatave et de Vatomandry ; mais la concurrence de l’Europe et des colonies est grande, et il ne semble pas qu’il y ait actuellement à encourager cette culture, les conditions économiques ne lui étant pas favorables. En outre, elle demande une main-d’œuvre dont on ne dispose pas actuellement. Il est bon cependant de prendre note de la possibilité de donner un certain développement à la culture de la canne à sucre, les circonstances pouvant lui devenir un jour plus avantageuses. Le cocotier, qui peut être planté aussi bien sur la côte Ouest que sur la côte orientale, fournit le coprah, dont on exporte, tous les ans, de Ceylan, une quantité considérable en Europe, en vue de l’extraction du beurre de coco.