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Le théier ne donne pas de produits aussitôt après sa plantation. On ne peut commencer à récolter que vers la fin de la troisième année, et il n’entre en plein rapport qu’à l’âge de sept ou huit ans.

A côté de la plantation de thé, doit se trouver l’établissement destiné à la préparation des feuilles, qui est longue et délicate. Cette préparation varie suivant qu’on veut obtenir du thé vert ou du thé noir. Pour le premier, c’est à une torréfaction faite immédiatement après la récolte qu’on a recours ; pour le second, on procède à un fanage des feuilles au soleil, à l’enroulement, à une fermentation subséquente, et ensuite à la dessiccation et au triage. Ces opérations demandent de très grands soins, qui influent sur la valeur marchande des produits.

Le thé ainsi produit pourrait être écoulé en France, où la consommation, qui atteint à l’heure actuelle plus d’un million de livres, tend à augmenter.

Il n’est pas impossible que les thés de Madagascar trouvent aussi un débouché sur les marchés étrangers, au même titre que les thés de Java, par exemple.

Le cotonnier a déjà été cultivé par les Malgaches ; il existe dans presque toute l’île à l’état sauvage.

Le coton est un des rares produits qui trouveraient un débouché important auprès des indigènes, si les Européens installaient des ateliers de tissage pour produire sur place les cotonnades, qui sont actuellement fournies par l’industrie américaine, et dont les indigènes font une grande consommation. Il est probable qu’une sélection attentive des semences, l’introduction de bonnes variétés amélioreraient la qualité du coton indigène, qui laisse beaucoup à désirer. C’est dans certaines parties de la région centrale qu’il paraît devoir le mieux réussir.

Le tabac donnera vraisemblablement aussi de bons résultats dans presque toute File, principalement en Imerina et en Betsileo. Suivant les climats, on produira diverses qualités, qu’il sera possible d’améliorer par une manipulation soignée et par l’emploi judicieux des engrais. L’Europe, et en particulier la France, demandent à l’étranger, surtout à l’Amérique, une grande partie du tabac qu’elles consomment, pour modifier par des mélanges appropriés le tabac européen. Les planteurs de Madagascar pourront donc trouver un débouché pour leurs tabacs.