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La distribution des forêts s’explique par l’orographie et les variations du climat.

Bien que très entamées, les forêts de Madagascar possèdent encore de réelles richesses, dont il serait désastreux de tarir la source. Les indigènes ont beaucoup contribué à leur destruction en les incendiant, pour établir des cultures passagères, qui prospèrent en raison de l’humus accumulé et des cendres produites par la combustion du bois. Quand c’est la brousse qui est ainsi détruite, il n’y a pas à le regretter. Mais, quand c’est la vraie forêt, avec ses essences précieuses, c’est un mal irréparable et que l’administration aura grand intérêt à éviter.

Quand les voies de communication auront été établies, les bois pourront acquérir une plus-value considérable.

Il a été souvent question de la possibilité de tirer parti des terres du massif central et particulièrement des surfaces en coteaux, pour y développer une végétation forestière, c’est-à-dire de les boiser. Cette manière de voir repose sur l’idée que ces terrains étaient autrefois couverts de forêts, détruites probablement par les incendies que provoquaient les indigènes. Aussi parle-t-on, en réalité, non de boiser ces vastes surfaces, mais plutôt de les reboiser, c’est-à-dire de les reconstituer dans l’état qu’on suppose avoir existé autrefois. Certes, beaucoup de forêts ont été détruites, et il y a lieu de penser que, là où elles existaient, les conditions du développement d’une nouvelle végétation forestière se trouvent remplies. Qu’il soit fait là des tentatives de restauration des forêts, cela est désirable, tant pour utiliser des terres qu’on ne saurait employer autrement que pour modifier les conditions climatologiques de l’île. Mais, dans le plus grand nombre de cas, on se heurtera à des difficultés dont les principales résideront dans la nature des terres et dans l’absence d’une répartition régulière de l’eau. Aussi cette restauration, qui entraînera de grands frais, ne devra-t-elle être tentée que sur une petite échelle, car, à côté des terres dans lesquelles on peut avoir quelque espoir de la voir réussir, se trouvent d’immenses surfaces qui n’ont probablement jamais été boisées, parce que les conditions nécessaires au développement de la végétation arborescente ne se trouvent pas remplies. Il serait bien imprudent de tenter des entreprises de boisement dans des régions qui semblent vouées à une stérilité perpétuelle.

L’élevage du bétail est assez développé dans certaines régions