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sur les produits qu’ils en tiraient pour leurs besoins, et sur les industries qu’ils avaient créées. Nous verrons ensuite quelles modifications la conquête française a déjà introduites, dans quel esprit elles ont été dirigées, quelles espérances on peut fonder sur les tentatives déjà faites, et quelle situation Madagascar est appelée à occuper parmi les pays de production agricole. Nous avons vu plus haut que les coteaux et les mamelons sont peu susceptibles d’être exploités et que les vallées seules offrent des ressources. Les indigènes avaient bien remarqué ce fait, et c’est toujours dans les fonds de vallées qu’ils avaient installé leurs cultures ; ils trouvaient là non seulement un sol plus riche, mais aussi de l’eau, qu’ils savaient distribuer suivant les besoins de leur exploitation.

Le riz peut être regardé comme le plus important de leurs produits alimentaires ; c’est la seule céréale qu’ils cultivent ; il pousse bien dans presque toutes les parties de l’île, et on trouve de très belles rizières de marais aussi bien dans la partie centrale que sur les côtes. Le riz a besoin de l’intervention de l’eau, car les rizières sont maintenues submergées, presque sans interruption, jusqu’à l’époque de la récolte. Ce n’est qu’exceptionnellement qu’on pratique la culture du riz de montagne, auquel les pluies seules fournissent l’eau nécessaire à sa végétation.

Lorsque la disposition des cours d’eau le permet, on pratique les arrosages non seulement dans le fond des vallées, mais aussi sur les flancs des coteaux en cultures étagées ; l’eau, circulant ainsi de gradins en gradins, permet de donner un développement beaucoup plus grand à la partie utilisable de la vallée. Les Malgaches en général, et surtout les Betsileo, apportent beaucoup de soins aux cultures de riz. Il paraît probable que, dans un avenir peu éloigné, Madagascar sera en mesure d’exporter une quantité assez considérable de cette céréale. La colonie est encore loin de produire tout le riz qu’elle pourrait donner. Elle aura comme premier débouché, dès que sa production deviendra suffisante, les marchés de Bourbon et de l’île Maurice, qui, actuellement, font venir du riz des Indes anglaises.

Le manioc et la patate entrent également en forte proportion dans l’alimentation des indigènes, dans toutes les parties de l’île, ainsi que d’autres plantes alimentaires, indigènes ou importées, comme la pomme de terre, le maïs, les haricots, le pois du Cap, etc.