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céréales, des fourrages, etc., il convient d’agir avec beaucoup de précautions, car il est probable que, dans le plus grand nombre de cas, les frais ne seront pas couverts par l’augmentation de la récolte.

Il en est autrement pour les cultures spéciales, qui donnent un revenu brut relativement élevé et qui peuvent alors supporter de plus fortes dépenses. Lorsqu’il s’agit de la vanille, du café, du thé, du cacao, etc., produits qui se vendent à un prix élevé, le surcroît de récolte peut arriver facilement à payer la dépense supplémentaire. Pour ces cultures, l’emploi des engrais s’appliquera de préférence comme on le fait à Ceylan, à Java, à l’île Bourbon.

Dans une région où une partie seulement de la surface est mise en culture, on peut arriver à concentrer sur cette dernière les principes fertilisans soustraits aux terres avoisinantes. Là où il y a des pâturages, le fumier produit par les animaux améliore les terrains cultivés. Ce sera, principalement pour les localités éloignées des voies de communication, la principale ressource en matériaux nutritifs que les colons trouveront à leur disposition.

Un autre élément de fertilité doit appeler l’attention au plus haut degré, c’est l’eau, qui a une action si puissante sur la végétation et qui, en plus de son effet stimulant, doit être considérée comme un véritable engrais ; les principes minéraux qu’elle tient en dissolution sont assimilables au plus haut degré. En outre, elle charrie le plus souvent des limons, qui déterminent un colmatage se renouvelant périodiquement, et apportent à la terre un regain de fertilité.

Les ressources locales doivent jouer le premier rôle dans les améliorations du sol, car, ainsi que nous l’avons dit plus haut, l’emploi des engrais chimiques restera forcément limité à quelques localités d’un accès facile et à des cultures spéciales de grand rapport.


IV

Ayant ainsi examiné les circonstances dans lesquelles se trouve Madagascar au point de vue du climat, de la nature des terres et des conditions économiques, jetons un coup d’œil d’ensemble sur les ressources naturelles existant dans l’île, sur la manière dont les indigènes avaient compris l’exploitation agricole,