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que dans des sols riches en matières organiques, comme on en rencontre fréquemment dans les endroits marécageux.

La potasse manque autant que l’acide phosphorique, et, dans beaucoup de terres, la proportion en est presque insignifiante.

Des engrais potassiques, chlorure de potassium et sulfate de potasse, joints aux engrais phosphatés, activeraient beaucoup la végétation. C’est ce qui explique pourquoi l’emploi de cendres végétales, qui renferment de la potasse, est si fréquent et si efficace à Madagascar.

On pourra employer, comme engrais azotés, le sulfate d’ammoniaque et les nitrates de soude et de potasse, le sang, la viande et la corne, ces derniers pouvant se trouver sur les lieux mêmes et ayant l’avantage d’ameublir le sol et d’être moins rapidement enlevés par les eaux.

Dans les sols où l’azote est accumulé sous forme de débris végétaux, il n’y a pas lieu de faire un apport d’engrais azotés ; il sera plus avantageux de chercher à mobiliser l’azote existant, en apportant des phosphates naturels, des scories, et en pratiquant des chaulages. Pour les terres qui manquent de chaux et qui, par suite, sont très compactes, des chaulages à haute dose feraient certainement de l’effet, en rendant le sol plus perméable et plus facile à travailler. Mais ils ne dispenseraient pas de l’apport des autres élémens.

On peut affirmer que toutes les cultures profiteraient des améliorations qu’on ferait ainsi subir un sol. Mais il faut envisager aussi le côté économique de la question.

Des engrais concentrés, comme ceux dont nous venons de parler, peuvent être amenés par mer sans frais excessifs. Mais les transports sur terre sont coûteux.

Sur les côtes, à proximité des ports de débarquement, il sera donc possible de recourir à ces engrais importés d’Europe, comme on le fait en grand sur d’autres points de la mer des Indes ; il en sera de même sur le parcours des lignes ferrées, si les tarifs sont suffisamment réduits, et sur beaucoup de cours d’eau que les pirogues des indigènes remontent facilement. Mais, ailleurs, dans les localités éloignées, il ne semble pas possible, à l’heure actuelle, d’amener les engrais à un prix de revient qui puisse en rendre l’emploi rémunérateur.

Avant tout, il convient d’utiliser les ressources naturelles de l’île en principes fertilisans.