Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 6.djvu/629

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


III

La composition des sols étant ainsi déterminée, examinons la possibilité de les améliorer par l’apport des engrais et des amendemens, destinés à leur fournir les élémens qu’ils ne contiennent pas en quantités assez élevées pour produire de fortes récoltes.

Mais il ne faut pas perdre de vue que le fonds de l’alimentation des plantes est le sol, que les amendemens et les engrais ne doivent être regardés que comme des adjuvans, et que, d’ailleurs, leur emploi est réglé par des conditions économiques.

En général, les terres très pauvres ne peuvent pas pratiquement être rendues fertiles par un apport artificiel ; celui-ci, pour être efficace, devrait être si grand que peu de cultures sauraient en rémunérer la dépense.

Les terres stériles par elles-mêmes ne peuvent donc pas, dans la généralité des cas, être transformées avec profit, par les fumures, en terres de bonne production ; il convient de les abandonner.

Dans des terres qui renferment déjà de quoi fournir à une production à peu près normale, on peut arriver par des fumures relativement modérées à obtenir une récolte rémunératrice. Souvent même, l’apport de tel ou tel principe fertilisant dans une terre déjà riche par elle-même en exalte encore la fertilité, — C’est donc sur les sols de production moyenne et surtout sur ceux de grande production que l’agriculteur doit concentrer ses efforts.

Dans les pays où l’on trouve à proximité, ou avec des facilités de transport, les matériaux propres à augmenter la fertilité, il y a un grand intérêt à entrer dans la voie des améliorations. Les principaux progrès de l’agriculture dans les pays d’Europe sont dus à l’apport judicieux des principes utiles qui manquaient à la terre. Souvent, un seul des élémens fait défaut et son absence condamne le sol à la stérilité ; vient-on à le lui donner, on rend celui-ci apte à la culture.

C’est ainsi, par exemple, que l’apport de phosphates a fait rentrer dans les conditions des cultures normales les terrains granitiques, qui occupent de si grandes surfaces du territoire français ; ceux-ci contiennent en suffisance l’azote et la potasse,