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chargés de cette question, visitèrent Ceylan et Java, puis se rendirent en Chine et au Japon où, conformément aux instructions reçues, ils entamèrent des négociations avec d’importantes sociétés d’émigration. Il résulte des renseignemens recueillis par cette mission, qu’il serait possible d’introduire à Madagascar des Chinois, des Japonais et peut-être même des Javanais ou des Hindous, qui s’habitueraient certainement au climat de la colonie.

Les Chinois, qui donnent de si remarquables résultats dans les plantations de tabac de Deli (Sumatra), région très malsaine, et dans la presqu’île de Malacca, supporteraient sans difficulté le climat des parties les plus insalubres de la côte orientale de Madagascar.

Les Hindous, et principalement les Tamouls, qui fournissent, à Ceylan, toute la main-d’œuvre nécessaire aux planteurs de thé, pourraient être utilisés dans les mêmes régions.

Le Japonais, au contraire, originaire d’un pays tempéré, ne pourrait sans doute être employé à Madagascar qu’à plus de 800 ou 1 000 mètres d’altitude.

Sous le rapport de la quantité de travail produite, les Chinois, les Japonais et les Hindous sont les meilleurs ; les Javanais, d’un caractère mou et paresseux, ne donnent de bons résultats, dans les Indes néerlandaises, que grâce à l’extraordinaire densité de la population de Java, qui permet d’obtenir facilement un grand nombre de travailleurs pour un salaire extrêmement peu élevé (0 fr. 15 à 0 fr. 25 par jour, pour un homme).

La main-d’œuvre étrangère, quel que soit le pays d’où elle provient, doit, pour donner de bons résultats, être recrutée avec le plus grand soin. Les planteurs de Sumatra et ceux de Ceylan n’hésitent pas à envoyer des agens, les uns en Chine, les autres aux Indes, pour opérer le recrutement de leurs ouvriers dans de bonnes conditions. On risque, sans cette précaution, d’introduire, au lieu de bons ouvriers agricoles, des vagabonds dont on ne peut tirer parti ou des commerçans de détail, qui viennent faire concurrence au petit commerçant européen d’abord, et ensuite aux plus gros négocians (exemple : Singapore, Batavia, Poulo, Penangete). C’est surtout dans le recrutement de la main-d’œuvre indienne et chinoise que des précautions spéciales doivent être prises.

L’avenir agricole de Madagascar dépend beaucoup, comme