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beaucoup moins de ressources. Le Betsimisaraka (environs de Tamatave), de même que le Sakalave, le Maliafaly, l’Antandry, ne consent pas à fournir un travail régulier. Vivant dans une région privilégiée, qui lui fournit abondamment ce qu’il lui faut pour vivre, il se décide difficilement à venir travailler chez les planteurs. On ne pourra tirer qu’un faible parti de ces populations, qui ne connaissent pas l’épargne et n’ont presque aucun besoin, à moins qu’on n’use de contrainte à leur égard.

Il existe, sur la côte orientale, entre Mananjary et Fort-Dauphin, une tribu douce, tranquille et adonnée aux travaux de culture ; c’est celle des Antaimoros, indigènes robustes qui, de temps à autre, viennent passer quelques mois, parfois même une année, sur les plantations du versant Est. Les colons agricoles de la côte comptent beaucoup sur eux pour entretenir et développer leurs cultures ; mais cette population n’est pas assez nombreuse pour fournir les travailleurs dont auraient besoin les planteurs et les diverses administrations de la colonie ; aussi se produit-il une hausse très sensible des salaires.

La faible population de Madagascar, la paresse des indigènes et l’importance des travaux entrepris ou simplement projetés par l’administration, rendent nécessaire l’introduction de main-d’œuvre étrangère dans la colonie. L’exemple des cinq années qui viennent de s’écouler démontre que la majeure partie des indigènes de la zone côtière et de la côte Est, en particulier, ne consentiront pas à travailler à un prix raisonnable, s’ils n’y sont pas forcés.

Les idées généralement acceptées en Europe ne permettant pas d’espérer qu’on se résoudra à faire du travail une obligation pour les indigènes, et les cours des principales denrées coloniales déterminant un maximum de salaires que les planteurs ne peuvent dépasser, on est amené à envisager l’introduction de main-d’œuvre étrangère comme une nécessité.

Sumatra, Ceylan et la presqu’île malaise ne doivent leur prospérité qu’aux Chinois et aux Hindous. L’avenir agricole de Madagascar ne sera assuré que lorsqu’un courant d’immigration de coolies africains ou asiatiques aura été créé.

L’administration n’a d’ailleurs jamais perdu de vue cette importante question, qui rentrait dans le programme de la mission envoyée récemment en Extrême-Orient par le général Gallieni. MM. Guyon et Lacaze, administrateurs des colonies, spécialement