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En envisageant dans son ensemble notre vaste empire colonial, qui présente une si grande diversité de situations et de conditions économiques, nous pouvons avoir la pensée d’en tirer de nombreux produits que nous demandons aujourd’hui à d’autres pays. Si nos propres possessions peuvent nous les donner, c’est un tribut de moins que nous payons à l’étranger, c’est le travail de nos nationaux et des populations qui nous sont soumises que nous encourageons, et nous augmentons ainsi la fortune publique de notre pays.

A l’heure qu’il est, les terres de nos colonies sont en général peu exploitées, et les immenses surfaces dont nous pouvons disposer dans les diverses parties du monde exigeraient, pour leur mise en valeur, plus de bras que nous ne pouvons en fournir, plus de capitaux que nous ne sommes disposés à en engager dans ces entreprises, plus d’efforts que nous n’en donnons actuellement.

Nous nous bornerons dans cette étude à envisager l’île de Madagascar, indépendamment de nos autres possessions coloniales. Elle est la dernière venue et, à ce titre, elle attire vivement l’attention de la Métropole.

Après les premières phases de la conquête, le général Gallieni a porté tous ses efforts vers la recherche des richesses naturelles qu’elle renferme, et vers les moyens de les utiliser. Il a été secondé dans cette œuvre par ses collaborateurs civils et militaires, dont les voyages et les séjours dans les diverses parties de l’île ont contribué à la connaissance des ressources qu’elle présente.

Aussi, malgré son étendue, l’île de Madagascar est-elle plus connue, plus fouillée que certaines de nos colonies plus anciennes, comme le montrent les nombreuses publications faites sur les diverses branches dans lesquelles s’exerce le travail de l’indigène et dans lesquelles peut s’exercer l’activité du colon européen.

L’impulsion qui doit mettre en œuvre l’activité de l’émigrant est donnée, et les renseignemens qui peuvent lui servir de guide sont déjà nombreux.

Mais, pour que le dévouement du personnel attaché à l’administration de l’île ne soit pas stérile, il faut que les conditions qui favorisent la mise en culture du sol et la possibilité de son exploitation se trouvent remplies.

C’est ce que nous nous proposons d’examiner.