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organisait, enfin, pour faire connaître la législation nouvelle, pour aider à la propagande, constituer des sociétés, créer en un mot un mouvement d’opinion, une série de comités locaux qui se formeraient, au fur et à mesure des besoins, dans les villes ou les régions les plus encombrées et qui seraient rattachés à un conseil supérieur des habitations siégeant à Paris.

Toute cette organisation officielle et légale était le comble de l’art, et cependant elle a produit de très faibles résultats. Quels sont donc les motifs de l’insuccès ? On nous pardonnera d’y insister, parce que les causes de cet échec rentrent très exactement dans l’objet de notre étude.

La mission de faire réussir la loi était confiée, nous l’avons fait remarquer, à des comités locaux ; on avait agi sagement en ne décrétant pas une organisation simultanée dans tous les chefs-lieux de départemens ; on laissait au temps, aux circonstances, le soin de provoquer une création successive qui répondrait aux besoins. C’était déjà une hardiesse, puisqu’on rompait ainsi avec les règles de symétrie habituelles à notre législation. On aurait dû commencer, en une dizaine de villes, tout au plus, par une enquête approfondie sur l’état de l’habitation ; de cette enquête, sincèrement poursuivie, seraient sortis deux résultats : d’une part, des renseignemens précieux sur les maux de l’entassement humain et sur les points qui appelaient an effort ; d’autre part, il se serait formé, au cours de l’enquête, un noyau d’hommes actifs dont le dévouement aurait permis de tout espérer. Mais cette méthode demandait beaucoup de travail, des efforts sérieux, plus de labeur que de bruit ; elle ne fut suivie que dans trois ou quatre centres. On préféra réunir avec quelque bruit un comité d’habitations à bon marché, composé de membres nommés par l’administration.

En certaines villes, grâce à l’esprit modéré du préfet, les choix furent bons ; mais nous devons le reconnaître, ce fut l’exception. Les préfectures, comme tous les pouvoirs de ce monde, sont assiégées d’intrigans, d’ambitieux, dont la seule pensée est d’accroître, en faisant figure dans une commission, une notoriété qui facilitera une candidature. Les agités bourdonnent autour des bureaux, tandis que les véritables compétences s’écartent Pour aller les chercher, les découvrir, les faire sortir de leur retraite et les décider à accepter une tâche officielle, il faut au représentant de l’Etat une persévérance peu commune, n’hésitons