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ne donnerait-il pas son véritable appui au maître d’école trop souvent isolé et impuissant, et ne l’empêcherait-il pas d’aller chercher sa force auprès de politiciens qui le compromettent ?

Voyons une autre matière : il ne s’agit plus d’éducation, mais de relèvement : l’assistance publique met en présence les représentans du pouvoir et le malade, le vieillard et l’indigent : ici l’idéal n’est point un agent spécial, rétribué par l’Etat ou par la commune et ayant le monopole de la visite des pauvres. A de tels services, la ponctualité d’un fonctionnaire ne convient pas ; on l’a dit avec vérité : le cœur seul sait donner ; si l’administration et la comptabilité sont du ressort des bureaux, le contact avec ceux qui souffrent doit appartenir aux particuliers ; tout doit être combiné pour que la distribution des secours et leur remise à domicile soient confiées à de braves gens qui doublent le prix du don en l’apportant eux-mêmes ; il faut surtout que l’esprit qui préside à tous les degrés à ces services soit animé et comme imprégné de dévouement.

Il en est de même d’une réforme qui n’est indifférente à aucun moraliste : l’introduction et le développement du régime cellulaire. Pour qu’il porte ses fruits, il faut que le détenu reçoive des visites régulières ; ni le directeur, ni l’aumônier ne peuvent y suffire. Les partisans les plus résolus du système pénitentiaire reconnaissent que la cellule sans travail ou sans visite est un supplice que l’homme n’a pas le droit d’infliger à l’homme. Nous visitions, il y a quelques années, la prison de Louvain, le modèle le plus parfait du régime cellulaire. Nous y étions conduit par un professeur de droit à l’Université qui devait depuis occuper les plus hautes fonctions politiques. Il ne demanda à personne la permission d’entrer ; il avait dans sa poche une clef qui ouvrait toutes les portes : « Je suis de semaine, me dit-il. Je dois visiter plusieurs prisonniers chaque jour. La plupart de mes collègues de l’Université participent à ce service, ainsi que plusieurs notables de la ville. Notre tour revient à intervalles périodiques ; nous nous sentons si utiles que personne ne se plaint. Nous nous réunissons à certaines époques pour mettre en commun nos observations ; le service de la prison est très reconnaissant de notre concours et nous n’avons nulle difficulté avec lui. »

Il n’y a pas d’exagération à affirmer que ces visites régulières, accompagnées de ce contrôle périodique, sont la condition