Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 6.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

27 juillet 1874, la Conférence de Bruxelles, y donnait lecture des instructions reçues de son gouvernement de gouvernement russe) et qui précisaient en ces termes le but et la portée du projet de convention présenté à la Conférence : « La liberté d’action des gouvernemens au point de vue militaire et le droit des États de pourvoir à leur propre défense ne sauraient être soumis à des restrictions fictives, que d’ailleurs la pression des faits rendrait stériles. Il nous semble qu’aucune illusion ne saurait prévaloir dans la pratique contre cette inflexible nécessité[1]. »

Dans la séance du 31 juillet 1874 de cette même Conférence de Bruxelles, le délégué belge, faisant ses réserves au sujet de toute clause du Projet qui aurait pour effet de limiter dans une mesure quelconque les droits de la défense nationale en cas de guerre, le baron Jomini constata que le Projet « n’a nullement en vue de restreindre en quoi que ce soit le droit et le devoir imprescriptibles qu’a tout État attaqué de se défendre. » Enfin, dans la séance du 17 août, le Président de la Conférence, ayant posé ce principe essentiel, ajoutait : « Quant aux choix des moyens, il a été constaté qu’il dépend de la position particulière des États, de leur histoire, de leur caractère national, de leur situation sociale et des institutions spéciales qui les régissent. » Et un autre délégué russe, le général Leer, s’exprimait ainsi : « L’attaqué a le droit incontestable de défense ; sans aucune restriction[2]. »

En vain chercherait-on dans le règlement concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre, arrêté dans la Conférence internationale de la Paix, tenue à La Haye en 1899, parmi les choses prohibées qu’énumère l’article 23, une disposition qui interdise de faire la guerre avec de petits corps, ou la guerre de guérillas.

La guérilla est un mode, un moyen comme un autre de faire la guerre ; c’est la guerre de partisans ou la petite guerre : faire sauter des pouls, couper les communications, attaquer les convois, etc. Cette guerre de guérillas est justement, pour la défense des Républiques Sud-Africaines, la meilleure méthode, celle qui est indiquée à la fois par la nature montagneuse du terrain, par le caractère et les usages nationaux, par l’histoire et les institutions militaires des Boers, comme par les habitudes mêmes de leurs adversaires.

  1. Actes de la Conférence de Bruxelles.
  2. Séance du 26 août 1874.