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reportée sur leurs propriétés meubles ou immeubles dans les deux colonies[1]. »


II

Le gouvernement anglais, en infligeant des châtimens aux chefs de troupes, aux membres du gouvernement et même aux simples citoyens des deux Républiques sud-africaines qui persévéreraient à résister aux forces britanniques, ne ferait qu’user strictement de son droit, s’il fallait tenir pour incontestable ce que prétend le considérant commun à toutes les proclamations, à savoir : « que les Républiques sud-africaines ont été dûment annexées à la Grande-Bretagne. »

Lorsque l’annexion peut et doit être tenue juridiquement pour un fait accompli, il est admis que le gouvernement nouveau a le droit de recourir, pour faire respecter son pouvoir, à tous les moyens qui ne sortent pas des lois générales d’humanité et qui sont conformes aux usages de la guerre. En d’autres termes, l’annexion est un fait juridique parfait, et peut donc être reconnue, lorsque la conquête a eu lieu dans des conditions qui répondent aux exigences du droit des gens. Mais, la guerre étant une action entre deux parties, il ne suffit pas, pour établir la légalité du fait, que l’une de ces parties déclare que la contestation avec l’autre a pris fin. Il y faut le consentement libre de l’autre partie, ou du moins une supériorité de force devant laquelle, en fait, la seconde partie soit obligée de s’incliner, qu’elle ne puisse nier, à laquelle elle doive se soumettre.

Ni dans le droit civil, ni dans le droit public, nulle autre manière de terminer les conflits n’est admise. Le droit international, conforme là-dessus aux règles de tous les droits nationaux et fondé sur le droit naturel, ne permet pas que l’on s’écarte de ces principes sages et simples. Toute guerre entre deux parties en litige doit par conséquent se terminer soit par un traité de paix conclu entre ces deux parties, soit par une supériorité de fait telle qu’elle donne à l’une le pouvoir d’anéantir l’autre, de se rendre maîtresse de ses autorités, de conquérir son territoire, de subjuguer ses habitans.

Lord Roberts, proclamant l’annexion des Républiques

  1. Correspondance…, p. 6.