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réduire au minimum l’affranchissement des périodiques destinés à l’échange ; que le gouvernement espagnol renonce à l’ordonnance du 19 mai 1893, en vertu de laquelle l’introduction en Espagne de livres imprimés en langue espagnole est subordonnée à la remise de trois exemplaires de chaque œuvre, disposition qui entrave les rapports de librairie entre les pays de langue espagnole ; qu’il se constitue une sorte de fédération de la presse hispano-américaine ; qu’il se fonde, à Madrid, une Revue consacrée à l’étude et à la propagande des questions sociales et économiques intéressant l’Espagne et l’Amérique latine.


V

Si nous avons cru devoir exposer un peu longuement les principaux vœux et desiderata émis par le Congrès hispano-américain, ce n’est pas par amour de la documentation ; c’est parce que nous avons pensé que cette exposition détaillée ferait ressortir le but et le caractère de cette assemblée d’une manière particulièrement précise. A présent, cette question se pose naturellement : Que résultera-t-il de ce concours de bonnes volontés ? Dans le discours qu’il a prononcé à la séance de clôture du Congrès, M. Moret s’est exprimé de la manière suivante :


Qu’est-ce que ce Congrès ? est-ce une réalité, ou est-ce un songe ? Est-ce un puissant rayon de soleil qui va vivifier la terre et faire germer la semence des vœux qui ont été exprimés ici, ou est-ce un pale et poétique rayon de l’une qui pourra projeter les ombres des arbres et des feuilles, mais qui ne prêtera aucune chaleur, qui ne donnera pas la vie à l’embryon que nous sentons palpiter ici ? Est-ce une aspiration du sentiment, ou est-ce le résultat d’une nécessité ? Selon la réponse qui sera faite à cette question, nous pourrons douter de l’avenir ou avoir confiance, tenir ou ne pas tenir pour certains les résultats et l’efficacité pratique de cette conférence. Pour mon compte, messieurs, je réponds sans hésiter que ce Congrès correspond à une réalité, et que, quels que soient les sentimens et les passions qui se sont fait jour ici, il y a un instinct qui pousse le peuple espagnol, ainsi que les peuples hispano-américains, à désirer cette union…


Si le Congrès de Madrid s’était borné à élaborer le programme que nous venons d’exposer, et à en recommander simplement la réalisation aux gouvernemens qui s’étaient fait représenter, nous serions peut-être moins optimiste que M. Moret, et nous croirions plutôt à un « pâle et poétique rayon de l’une » qu’à un