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VOYAGE AU JAPON

VII.[1]
LA FEMME ET L’AMOUR


I

Ne croyez pas à un paradoxe de globe-trotter : ce qu’il y a de meilleur dans le Japonais, c’est la Japonaise. Non seulement le vieux Japon artistique et religieux n’a rien produit de plus achevé que l’âme de ses femmes, mais, qualités ou défauts, l’idée que nous nous faisons de la femme est comme l’essence même de son ancienne civilisation.

Ce peuple enfant, comme on l’a tant de fois nommé, est surtout un peuple femme. Entrez dans un intérieur japonais : de vagues parfums, le choix d’une fleur, la préciosité d’un bibelot rare, la physionomie mobile et capricieuse des choses semblent vous y révéler la présence d’une femme. Votre hôte vient à vous, et dans sa façon de saluer, de sourire, de parler, dans ses manières, dans leur je ne sais quoi d’infaillible et charmant, dans ce parfait mélange d’étiquette et de simplicité, vous croyez lire toute une éducation faite par des femmes, sous leurs yeux maternels ou amoureux. Regardez ses mains, le chef-d’œuvre de la race : petites, minces, nerveuses et douces, des mains d’adolescente qui garderont jusqu’au dernier jour leur souple élégance et comme la délicatesse de tous les objets d’art qu’elles

  1. Voyez la Revue du 1er avril.