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FOUCHÉ ET NAPOLÉON

De nos jours, l’histoire de la dévolution et de l’Empire se complète pièce à pièce et se rajeunit sous une forme particulièrement neuve et attrayante, la forme biographique. On ne se contente plus de repasser les principales péripéties du grand drame ; on veut connaître les états d’âme successifs des personnages en scène. Mémoires, correspondances originales, documens d’archives, tout ce qui ressuscite l’époque dont les centenaires se succèdent devant nous est accueilli avec faveur et donne lieu à de nombreux et solides travaux. De ces publications diverses, un fait commun se dégage ; c’est que, durant les vingt-cinq années qui encadrent la date initiale du dernier siècle, la grandeur des caractères a été sensiblement inférieure à celle des événemens. A part quelques-uns, frappés avant l’heure ou isolés dans leur intransigeance, les personnages publics d’alors, membres de la Convention ou soldats de la Grande Armée, ont conformé docilement leur conduite aux circonstances, et on est étonné du peu de part qu’ils semblent avoir pris dans leur destinée.

Cette réflexion s’imposera surtout à ceux qui auront contemplé sous ses diverses faces, dans l’ouvrage récent et très abondamment documenté de M. Madelin, Joseph Fouché, le plus mal famé des politiciens d’il y a cent ans, et qui trouveront en lui l’acteur le plus rompu aux métamorphoses dans la perpétuelle et égoïste comédie de sa vie publique. Lorsqu’il quitta